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Capituler pour sortir ou rester en prison en héros ? Le dilemme des opposants en Guinée

Ismaël Condé, le premier vice maire de Matam, qui est également membre du bureau exécutif de l’UFDG a écopé de 3 ans, 4 mois d’emprisonnement ferme et à 30 millions de francs d’amende. Le verdict est tombé hier, jeudi 08 juillet 2021, au tribunal de première instance de Mafanco, à Conakry. La défense a immédiatement interjeté appel de ce verdict sans toutefois se faire trop d’illusions.

En réalité, les opposants n’ont désormais qu’une seule option pour recouvrer la liberté. C’est d’écrire au président Alpha Condé pour lui présenter leurs excuses et demander sa clémence, en alignant quelques superlatifs… Le choix est à faire à ce niveau : capituler et se retrouver dehors ou rester ferme dans sa conviction et continuer à subir la privation de sa liberté.

Là-dessus, Cellou Dalein Diallo a tranché le samedi dernier, 03 juillet 2021, lors de son passage à la première émission télévisée de Guineematin.com, intitulée « La Grande Interview », à l’occasion du 7ème anniversaire du site. Selon le président de l’UFDG, les personnes détenues à la maison centrale sont des responsables politiques mûrs et prêts à l’ultime sacrifice. Reste à savoir si les infortunés sont sur la même longueur d’ondes que le principal opposant au régime Condé ou bien s’ils vont emboiter le pas à Madic 100 frontières, Boubacar Diallo, alias Grenade et à Ismaël Condé. Car, peu après l’annonce du verdict, le premier vice maire de Matam a profité des micros et caméras des journalistes pour solliciter le pardon du président Alpha Condé.

« Excellence monsieur le président de la République, si par mes publications sur les réseaux sociaux il est arrivé que je vous offense et vous injurie, mettez ça dans le cadre d’une faute de jeunesse. Je me repens en vous présentant mes sincères excuses pour ces injures et offenses », a entre autres dit Ismaël Condé…

Mais, la situation de ces trois personnes est différente de celle des autres détenus. En particulier, Ibrahima Chérif Bah, Ousmane Gaoual Diallo, Abdoulaye Bah et Etienne Soropogui. Si les premiers pouvaient se permettre de baisser l’échine et demander pardon, ce n’est pas le cas pour les seconds. Pour ces poids lourds de la politique guinéenne, écrire au chef de l’Etat pour demander pardon équivaut à premièrement reconnaitre qu’ils sont coupables de quelque chose et deuxièmement signer leur arrêt de mort politique.

Ils ne peuvent pas demander pardon pour avoir joué le rôle dévolu à un opposant et sortir jouer le même rôle. Une telle demande reviendrait à criminaliser toute opposition politique. D’où l’impossibilité pour eux de formuler une telle demande. S’ils le faisaient, il ne leur resterait qu’à aller faire autre choque que la politique. Un responsable de l’opposition est différent d’un simple militant.

Bien malgré tout, en tant qu’humains, les infortunés de Coronthie ne seraient pas insensibles à la tentation du pouvoir. Dans leur for intérieur, ils peuvent se dire qu’avec simplement une feuille, un stylo et moins d’orgueil, ils peuvent retrouver les leurs. Voilà le dilemme auquel ces personnalités sont confrontées : liberté contre capitulation.

Les enjeux sont grands. Et, ce n’est pas pour aujourd’hui, c’est pour demain. Car, quelle que soit la durée qu’ils vont passer dans l’univers carcéral, ils finiront par recouvrer la liberté un jour. C’est certainement à ce jour qu’ils pensent pour tenir bon ; ce, en dépit des difficultés qu’ils traversent aujourd’hui.

Comme on le sait, il y a un précédent dans le monde. À plusieurs reprises, les autorités racistes sud-africaines avaient proposé à Nelson Mandela le renoncement à son combat politique contre sa libération. L’icône a toujours décliné l’offre du régime d’apartheid en décalant « ma liberté sans celle du peuple noir n’en est pas une ». C’est sans doute grâce à ce courage, que dis-je, ce sacrifice qu’il deviendra un véritable héros national, voire mondial.

Source: Guineematin