Alpha Condé, Communautarisme, Audits des cadres véreux, durée de la transition : Guineelive au cœur de l’Interview du Colonel Doumbouya
Dimanche 14 Novembre, notre consœur de la Télévision nationale et deux confrères de la presse nationale ont été reçu au Palais Mohamed VI par le Colonel Mamadi Doumbouya pour parler de l’actualité brulante de la transition, qu’il a en charge désormais de conduire.
Tout d’abord, il a parlé de paix et d’unité nationale…
A propos, il faut dire que la formation du gouvernement fait encore jaser. En tout cas, ils sont nombreux les guinéens qui estiment que Mamadi Doumbouya a fait Alpha Condé sans Alpha Condé en confiant l’essentiel des portefeuilles juteux à sa communauté. Finances, Budget, Mines et Géologie, Enseignement Supérieur, Affaires étrangères, Administration du Territoire et de la décentralisation, Armée, Gendarmerie, Présidence de la République, excusez du peu, la liste des cadres de sa communauté est longue.
Sur le sujet, le Colonel a déclaré « Pour moi, le seul combat qui mérite d’être mené est le bien-être de nos populations. Tout ce qui va à l’encontre de l’inclusivité et tout ce qui va à l’encontre du rassemblement, je ne l’accepterais pas. L’héritage pour moi, c’est le vivre ensemble. Quand j’ai dit aux étudiants de tuer l’ethnie, cela a un sens. Le sens de ça ce que nous arrivions tous à construire les choses. Mais politiquement, nous avons l’habitude de s’aligner derrière l’ethnie qui détruit qui ne construit rien de tout. L’héritage que nous voudrons laisser à nos enfants et nos petits-enfants, ce qu’il faut qu’on sache toujours que la Guinée nous appartient tous et que nous avons tous un rôle à jouer pour développer notre pays. Nous avons tous le devoir d’aimer l’autre, nous devons nous donner les mains pour laisser un bon héritage à nos enfants. Bien-sûr qu’on est tous des guinéens, moi j’écoute tout le monde et je discute avec tout le monde pour qu’on puisse trouver des solutions à nos problèmes. La division n’arrange que celui qui divise. Nous savons que nous avons perdu des frères et sœurs et la seule chose qui nous a amené à perdre tous ces gens, c’est la division. Je pense que le message qui doit être passé aujourd’hui est celui de l’unité, de la reconstruction, le message de la refondation, si j’ose dire de notre pays. Maintenant les projets personnels, je pense qu’aucun guinéen n’acceptera de suivre, tête baissée les projets personnels ; nous savons là où cela nous a mené après tant d’années de souffrance.».
RPG- arc-en-ciel
Parlant des anciens cadres et politique du RPG, il a notamment déclaré : « Pour revenir encore sur ça, je ne me focaliserais jamais sur les personnes ou sur un parti politique. Je voudrais que chacun prenne ses responsabilités. Il faut que nos ainés aient le courage de comprendre ce qui n’a pas marché. Il faut que cette fois-ci qu’on arrête de se cacher derrière les partis politiques ou derrière les composantes pour faire passer son propre message.
Vous savez quand un peuple se lève, personne ne peut l’arrêter. Nous sommes assez déterminés pour prendre nos responsabilités, à savoir défendre notre pays. Si nous avons décidé d’aller à la mort pour sauver ce pays, je pense que c’est avec détermination. Les manœuvres personnelles ne peuvent en aucun cas nous effrayer. Nous sommes formés et déterminés à défendre le pays, c’est au-delà de toute personnalité. Donc nous sommes aguerris, entrainés, déterminés pour défendre nos concitoyens.
Que dit Colonel Mamadi Doumbouya des Audits des comptes publics
Vous savez, cette question s’inscrit dans la refondation de l’Etat. Des institutions y travaillent déjà, le gouvernement et le CNRD y veille conformément à notre credo. Lutter contre la gabegie, le détournement des deniers publics et la corruption qui ont gangréné le pays. Nous croyons en la justice et nous en ferons d’elle comme nous l’avons promis la boussole de notre gouvernement. C’est un processus qui est engagé et qui s’inscrit dans le cadre de la refonte des mentalités et des anciennes pratiques. Les bavures ne seront pas tolérées et les premières mesures sont révélatrices de notre détermination sur la question. Souvent, on se trompe de sujet. Moi je ne vise personne. Nous sommes arrivés et nous sommes en train de faire l’état des lieux et je pense que c’est normal. Nous faisons cet état des lieux pour savoir où nous avons pris la machine et savoir ce que nous allons légués pour ceux qui viendront derrière nous. Il y a des personnes qui ont eu des responsabilités publiques et je pense qu’il est normal de leur demander des comptes. Il faut tout de même savoir que personne n’est au-dessus des lois.
Souvent chez nous, quand on veut faire des choses, les gens cherchent toujours à faire la victimisation. Moi je pense que ma détermination est totale. Nous avons besoin de changer de mentalité par rapport aux sujets publics. Ce sujet concerne tout le monde. Quand vous avez occupé des responsabilités, vous devriez quand-même pouvoir rendre compte sans se victimiser. Ma vision ne sera jamais personnelle ; c’est une vision qui est globale. Cela veut dire qu’il faut qu’on se concentre sur l’essentiel et qu’on arrête de brouiller les choses.
Durée de la transition…
Vous savez qu’on ne peut pas refaire le monde en deux jours. Il faut qu’on ait un peu de patience. Je sais qu’il y a beaucoup d’attente au niveau de la population. Ces mêmes attentes nous ont poussé à aller à la mort pour que nous puissions évoluer. Nous avons pris le pays dans un état et nous sommes en train de faire comme je vous l’ai dit l’état des lieux et en même temps nous sommes en train de mettre les organes de la transition. Il faut que ce soit clair et net : nous ne sommes pas venus pour construire la Guinée, nous sommes venus pour mettre le soubassement, la refondation de l’Etat. Nous ne sommes pas des politiques. Nous tous après la transition nous allons nous retourner pour faire le travail du soldat.
On est près de 13 millions et il faut le fichier. Je pense que c’est une démarche inclusive et qui va dans le sens de la clarté. Donc nous avons besoin des partenaires techniques pour apporter leurs expériences techniques sur les élections, nous ne fermerons jamais les portes, nous tendons la main à tout le monde pour apporter leurs expériences à la question de l’élection.
Mise en place du Conseil National de Transition
Après avoir mis en place le gouvernement, nous sommes sur le chemin de mettre sur pied le CNT. En parallèle nous travaillons pour faire un état des lieux des deniers publics. Si vous êtes patients, nous allons très rapidement arriver aux résultats escomptés et répondre aux attentes de nos populations. Mais il faut que cela soit clair : il faut qu’on puisse mettre la forme au risque de replonger dans les erreurs du passé. Il faut avoir l’idée de construire et d’évoluer.
La Guinée n’est pas juste liée aux politiques, il y a la société civile, les notables. Toutes les composantes de la vie nationale. On ne plus se focaliser sur la composante politique. Nos problèmes ne sont pas uniquement politiques. Le CNRD par ma voix a dit que nous sommes tous ensemble. Il n’y a pas que les politiques en Guinée. Il y a d’autres guinéens aussi qui ont leur mot à dire.
Libération d’Alpha Condé…
« Le colonel rassure que l’ancien chef d’Etat se trouve dans de bonnes conditions et qu’il est bénéfice d’un traitement digne et humain dû à son rang. Toutefois, le chef de l’Etat affirme qu’il ne peut se substituer à la justice pour libérer Alpha Condé : « Il est dans de bonnes conditions, nous lui réservons un traitement digne. Son intégrité physique et morale sont protégées. Nous sommes des africains, nous tenons beaucoup à la dignité de nos pères fondateurs. Le Pr Alpha Condé est dans son pays. Je pense que les problèmes de la Guinée se règlent souvent en Guinée avec les apports de nos partenaires. Il faut qu’on soit clair : nous ne pouvons pas vouloir deux choses et leur contraire. Je suis Président de la transition, nous avons une Ministre chargée de la justice en Guinée. La justice doit avoir tout son rôle à jouer. Qui suis-je pour juger quelqu’un en Guinée ? La justice sera là pour ça. Je pense qu’elle sera transparente, il n’y aura pas l’exécutif derrière elle. C’est l’un de mes premiers mots le 05 septembre, la justice sera la boussole qui guidera tous les guinéens. Je ne peux pas être la boussole. Je pense que le sort de nous tous se trouve dans la main de la justice guinéenne. Nous avons le devoir de respecter sa dignité en tant qu’ancien chef d’Etat. Nous avons aussi le devoir de le traiter correctement avec des traitements dus à son rang. Sur cette question, je suis très clair, je ne suis pas la justice, je ne ferais pas son travail. La justice sera indépendante.
Les membres de l’ancien parti présidentiel
Je pense que la motivation qu’on a eu le 5 septembre c’était de dépersonnaliser la chose publique. Pour moi, il n’y a pas que les partis politiques en Guinée. Il y a le syndicat, les sages, les personnes handicapées, tout le monde. Je pense que rien ne sera plus comme avant en ce qui concerne la gestion de la chose publique. Car cela nous a amenés là où nous sommes aujourd’hui. Je pense qu’on doit mettre nos personnes de côté et penser à nos enfants, petits-enfants, à l’intérêt de toutes les filles et fils de ce pays. Je réitère encore, le combat personnel n’a plus sa place. Quand on parle des barons des partis politiques en Guinée, nous avons réitéré notre engagement à conduire une transition apaisée. Nous sommes fermes, nous ne laisserons passer aucune attitude de nature à perturber cette atmosphère. Nous pensons que nous nous sommes compris. Je pense qu’aujourd’hui, le seul combat qui mérite d’être mené, c’est l’apaisement, l’inclusivité et le bien-être de nos populations. Tout ce qui est projet personnel n’a pas sa place en ce moment historique de notre pays.
Que dit Colonel Mamadi Doumbouya au sujet des institutions africaines et internationales ?
Les principes de la CEDEAO, je les comprends, nous sommes membres fondateurs de cette organisation, nous la respectons. Mais en ce qui concerne le sort du Pr. Alpha Condé, nous sommes des guinéens capables de trouver des compromis, de se comprendre sur l’avenir de notre pays.La communauté internationale en général et la CEDEAO en particulier sont nos partenaires pour réussir cette transition. Je reste confiant que cette communauté internationale restera à nos côtés pour le bonheur du peuple de Guinée. Les défis qui nous assaillent sont nombreux. Les émissaires de la CEDEAO ont fait le constat : nous sommes heureux qu’ils aient noté les progrès enregistrés en peu de temps dans le processus de transition dans notre pays. Nous rassurons que les forces œuvrent énergiquement pour un retour à l’ordre constitutionnel normal. Nous pensons que la CEDEAO respectera le délai que le CNT fixera. Il faut toutefois éviter la comparaison. Si on avait un traitement adéquat aux maux qui gangrènent notre pays en deux jours, moi je serai prêt à le faire. Il faut quand-même qu’on prenne compte de la situation qu’a connu notre peuple. Il y a eu des moments dans notre pays où personne n’écoutait l’autre, tout le monde pensait avoir raison. Il faut que ça soit clair : Je voudrais que la communauté internationale comprenne qu’en Guinée aujourd’hui, nous n’avons pas de problèmes sociaux. Les Guinéens veulent régler leurs problèmes entre eux Guinéens. Je pense qu’on est assez intelligent pour régler nos problèmes entre nous. Ce n’est pas un pays qui est en crise, c’est plutôt un pays qui est en phase de prendre son destin en main. Je pense que la communauté internationale devrait aussi écouter les Guinéens car ils ont aussi leur mot à dire. S’il y avait une crise ici on pouvait dépêcher un envoyé spécial.
Guineelive