Docteur Sékou Koureissy Condé est désigné par ses pairs comme Médiateur Inter-partis de la Guinée. Une nouvelle mission bien qu’informelle mais non moins importante pour l’universitaire chevronné qui se définit et s’inscrit dans la recherche perpétuelle de la paix.
« L’on ne peut faire d’une colombe un épervier », dixit un proverbe français. En effet, après avoir perdu son mandat de député de la 9eme législature à l’Assemblée Nationale guinéenne, suite au coup d’État du 5 septembre 2021, Docteur Sékou Koureissy Condé, Président du Parti ARENA et consultant international a vite retrouvé son manteau de Médiateur international et africain. Président et co-fondateur du prestigieux Cabinet Conseil Panafricain « African Crisis Group », Docteur Koureissy, est sans doute l’un des guinéens les plus connus et influent dans le domaine de la réconciliation et de la résolution des conflits en Afrique. Son meilleur combat et son meilleur résultat auront été d’avoir pu cultiver les relations de confiance et de garder le sens de l’objectivité et l’impartialité entre les différentes personnalités et courants politiques dans son pays et en Afrique, mais aussi pour avoir su démontré et imposé son talent de fin négociateur sur les théâtres des conflits armées et pendant de multiples crises socio-politiques en Afrique. Comme lui-même aime le dire « La Guinée n’a pas que des minerais, elle a aussi et surtout de la ressource humaine ». En bon pragmatique, il a le don naturel de façonner et d’orienter subtilement les forces politiques antagonistes vers des objectifs communs.
Pour preuve, il l’a encore une fois prouvé précédemment, lors du déjeuner de travail réunissant les coalitions politiques du pays au Palais Mohamed V de Conakry avec le président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya. « Pour notre part, la Coalition Alliance pour l’alternance démocratique, nous avons salué le président pour les grandes mesures, les décisions, les actes posés dans le sens de la réconciliation. Des actes très courageux, très difficiles, mais très responsables. Deuxièmement, nous avons salué l’esprit de rencontre. Il faut faire de notre pays, un pays de dialogue pour faire de cette transition, une transition de dialogue, faire de notre démocratie, une démocratie de dialogue », a déclaré l’homme du consensus à la fin de la séance rapporte Guineematin.com avant d’ajouter « Nous avons recommandé au président, d’insister, de continuer à travailler sur le chantier de la réconciliation et de mettre tout en œuvre pour qu’il y ait un cadre permanent de dialogue et de concertation pour s’installer entre la classe politique et le gouvernement de la transition, entre la classe politique et les autres institutions républicaines, les citoyens regroupés au sein de la société civile ».
Pourquoi est-il l’homme du consensus ?
Sékou Koureissy Condé commence son parcours politique en Allemagne en 1990. Après avoir travaillé sur un projet traitant des relations de l’Occident et l’Afrique à l’Institut Max-Planck de droit pénal international, il se fait remarquer et est recruté en tant qu’assistant parlementaire par la coalition de l’Union Chrétienne-Démocrate d’Allemagne et de l’Union Chrétienne-Sociale en Bavièren nous renseigne wikipédia. Il exerce cette fonction au sein de la Commission des Affaires Étrangères du Parlement régional du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. En 1992, à la suite de la libéralisation du système politique guinéen et l’instauration du multipartisme, Sékou Koureissy Condé rentre en Guinée pour fonder son parti politique, l’Alliance pour le Renouveau National (ARENA). Fortement attaché aux valeurs du vivre-ensemble, de la tolérance, et de la paix, il est surpris à sa rentrée en Guinée de retrouver son pays divisé par les considérations ethniques, et il décèle dans le multipartisme un risque d’aggravation de ces tensions. Le parti politique qu’il fonde se donne alors pour mission principale de prôner la réconciliation et l’unité nationale. Après une entrée à l’Assemblée Nationale en 1995 en tant que porte-parole du PDG-RDA, auquel son parti s’est allié, il devient successivement Conseiller de Biro Diallo, Président de l’Assemblée, et Chef de la Division de la Coopération Internationale. En 1997, il est ensuite nommé Ministre de la Sécurité par le Président Lansana Conté. Son mandat se déroule dans un contexte régional troublé par la guerre civile au Liberia et au Sierra Leone, deux pays frontaliers de la Guinée. À la tête du Ministère de la Sécurité, Sékou Koureissy Condé a promu l’usage de la dissuasion en lieu et place de la répression dans l’objectif d’assurer la sécurité de son pays. En 2000, il est démis de ses fonctions et est forcé à s’exiler aux États-Unis à la suite de « l’affaire Alpha Condé ». Malgré des difficultés financières et les barrières culturelles et linguistiques, il parvient à démontrer son innocence au bout de quelques mois, lui permettant ainsi d’obtenir le droit d’asile.
Au lendemain de la mort du président Condé en 2008, Sékou Koureissy Condé fait partie des trois personnalités désignées pour porter une lettre collective au capitaine Moussa Dadis Camara (qui était à la tête du pays) à ne pas se présenter comme candidat aux élections présidentielles de 2010. Alors qu’il accède à leur demande au départ, il laisse au fur et à mesure de cette année 2009 entendre qu’il va tout de même se présenter. À la suite des événements malheureux et macabres du 28 septembre 2009, l’universitaire est désigné par le Général Sékouba Konaté, qui assure l’intérim à la tête de la Guinée, en tant que secrétaire général du Conseil National de la Transition. Cet organe, qui remplace provisoirement l’Assemblée Nationale, est chargé de la rédaction d’une nouvelle Constitution et d’un nouveau code électoral. En Octobre 2010, Sékou Koureissy Condé est nommé Premier Médiateur de la République. Son rôle serait, une fois le nouveau Président élu, de prendre en compte les revendications des administrés, de faciliter leurs relations avec l’administration, avec leurs employeurs, et de fluidifier la vie entre communautés. Toutefois, à peine Alpha Condé est-il élu en Décembre 2010 qu’il est démis de ses fonctions. C’est alors qu’il décide de tourner son engagement vers la société civile avant d’être élu à l’Assemblée Nationale tout récemment. Depuis plusieurs années avec African Crisis Group, il est intervenu en tant que médiateur dans la plupart des crises et conflits en Afrique (Guinée, Burkina Faso, Mali, Niger, République Démocratique du Congo, Togo, et Nigeria). C’est pourquoi les différents acteurs résument la vie de Sékou Koureissy Condé à l’homme du consensus.
Damien TOLOMISSI