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Procès du 28-Septembre en Guinée: «C’est le devoir de l’État d’assurer la protection des victimes»

Cent cinquante-sept personnes tuées, 109 femmes violées… En Guinée, le procès tant attendu du massacre du 28 septembre 2009 va probablement démarrer le 26 septembre prochain. C’est l’annonce sur RFI du ministre guinéen de la Justice et garde des Sceaux. En ligne de Genève, où il est actuellement en visite, Alphonse Charles Wright répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

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Les manifestations du 28 et 29 juillet ont fait 5 morts. Les manifestations du 7 août ont fait au moins deux morts. Le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Michelle Bachelet a écrit au colonel Mamadi Doumbouya pour lui faire part de ses profondes préoccupations face à l’évolution récente de la situation des droits de l’homme en Guinée. Où en sont les enquêtes sur les responsabilités dans les sept morts de ces deux derniers mois ?

Alphonse Charles Wright : Je vous remercie. Nous avons tous suivi la lettre que Madame la Haut-commissaire des Droits de l’homme avait faite à son excellence Monsieur le président de la Transition, ces morts donc qui ont été malheureusement enregistrés. Est-ce que la mort découle d’une origine balistique ? Si oui, quelle est l’origine de ces balles ? Qui a tiré et comment ? Ces questions-là sont en train d’être réglées par la justice. Et la position du président de la transition, de tous les membres du gouvernement, est très claire : il faut qu’il y ait toute la lumière et c’est un travail qui revient à la justice pour situer les différentes responsabilités. Ce que je peux vous dire aujourd’hui, c’est que les enquêtes sont en cours sur cette question et je vous promets qu’au moment venu, nous communiquerons par rapport aux résultats de ces différentes enquêtes pour rompre avec le passé. Parce qu’avant, lorsqu’il y avait des morts, c’était le silence total de toutes les autorités.

Le 28 septembre 2009, 157 civils guinéens ont été tués et 109 femmes guinéennes ont été violées par les militaires du régime du capitaine Moussa Dadis Camara. Treize ans après, la justice n’est toujours pas passée. Quand va s’ouvrir le procès que tout le monde attend ?

Monsieur le président de la Transition, fidèle à ses engagements de rompre avec l’impunité, a instruit son ministre de la Justice d’organiser le procès des événements du 28 septembre avant la date anniversaire du 28 septembre. Depuis cette annonce, tout porte à croire que ce procès probablement va avoir lieu à partir du 26 septembre. Je dis probablement parce que c’est une date qui n’est pas encore validée. Elle va être validée dès que je serai de retour à Conakry. Nous allons discuter de tous les paramètres qu’il faut, mais ce que je peux vous dire, c’est que concernant le lieu qui doit abriter le procès du 28 septembre, la phase de construction est terminée. Nous sommes à la phase de l’ameublement. Tout va être acheminé cette semaine et on vous invitera pour ce procès tant attendu.

Les associations de victimes se réjouissent à l’idée que le procès puisse démarrer dans quelques jours. Simplement, elles veulent la garantie que ce sera un procès inclusif. Or, sur les 14 personnes qui sont actuellement inculpées, il n’y en a que trois qui sont en détention…

Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a des personnes qui ont été placées sous mandat de dépôt, d’autres ont été placées sous contrôle judiciaire. Toute personne dont la justice aura besoin va se présenter conformément aux règles de procédure pour le respect d’un procès juste et équitable.

Le numéro 1 du pays en 2009, c’était le capitaine Dadis Camara. Il fait bien sûr partie des 14 inculpés. Le problème, c’est qu’il est actuellement en exil au Burkina Faso. Est-ce qu’il sera présent à l’audience le 26 septembre ?

Ce procès, c’est une occasion pour chaque Guinéen de venir se défendre ! Je ne vois pas de raison pour que Monsieur Dadis ne puisse pas constituer avocat pour venir se défendre des accusations portées conter lui, surtout qu’il bénéficie de la présomption d’innocence, ce qui est clair pour toutes les personnes qui sont placées sous contrôle judiciaire. Vous avez vu tout récemment le cas de Monsieur Moussa Tiegboro Camara qui a voulu quitter le pays alors qu’il était sous contrôle judiciaire.

Le lieutenant-colonel Moussa Tiégboro Camara, directeur de l’Agence nationale chargée de la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et le terrorisme en Guinée, qui fait partie des 14 inculpés et qui a été empêché de quitter le pays le 2 septembre…

Il est interdit de sortie du territoire aujourd’hui. C’est pour vous dire que la volonté de l’État, c’est de ne pas avoir un procès en l’absence des accusés.

Autre inculpé dont tout le monde s’interroge sur sa présence ou pas le 26 septembre, l’ancien ministre de la Sécurité présidentielle, le capitaine Claude Pivi…

Les mesures sont prises aujourd’hui pour l’interdiction générale de sortie de toutes les personnes inculpées dans ce dossier.

Donc, le capitaine Claude Pivi est actuellement sous contrôle judiciaire ?

Vous pouvez tirer la conclusion qu’il faut. Mais je dis, toutes les personnes placées sous contrôle judiciaire ne quitteront pas le pays.

Source: RFI