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Dadis Camara à la barre : Guineelive vous propose l’intégralité des échanges avec le juge, Ibrahima Sory II Tounkara

Il était sans doute le plus attendu à la barre, le président du CNDD. Mais l’opinion nationale et internationale va sans doute attendre encore.

Appeler  à la barre ce lundi, 5 décembre 2022, Moussa Dadis Camara a  déclaré qu’il est malade.

Guineelive vous propose alors  l’intégralité de l’échange entre  Moussa Dadis Camara et le président du tribunal,  Ibrahima Sory II Tounkara.

Ibrahima Sory II Tounkara : Monsieur Camara, vous voulez parler debout ou vous souhaitez vous asseoir.

Moussa Dadis Camara : monsieur le président, avec votre permission…

Ibrahima Sory II Tounkara : Bon, le micro, s’il vous plaît, les techniciens, est ce que ça c’est portable ? Il n’y a pas de micro ?

Moussa Dadis Camara : Monsieur le Président, avec votre permission, je ne voudrais pas faire certains détails. Je suis un officier d’état major et nous sommes faits pour la guerre et nous sommes faits pour la prison. Donc, mon état de santé…

Ibrahima Sory II Tounkara : Je voulais savoir d’abord si vous voulez parler assis ou debout ?

Moussa Dadis Camara : Je veux vous dire, Monsieur le Président, avec tout le respect que j’ai pour votre auguste tribunal, j’en ai déjà informé le directeur de la garde pénitentiaire, le médecin chef de la garde pénitentiaire, depuis un très bon moment, je souffre et j’ai informé les avocats. Sauf pour votre respect. Si effectivement vous m’obligez, Monsieur le Président, je ne suis pas au dessus de la loi. Si vous m’obligez, l’obligation de la loi. Je pourrais essayer d’être à votre entière disposition, monsieur le Président. Mais, en toute sincérité, je ne me sens bien pour le moment, absolument pas ; mais, je m’en remets à votre sagesse. Je n’ai pas de choix, monsieur le président.

Ibrahima Sory II Tounkara : Si je vous comprends, vous voulez dire que vous êtes souffrant ? C’est ce que vous voulez dire ?

Moussa Dadis Camara : Oui, parfaitement. 

Ibrahima Sory II Tounkara : Vous n’êtes pas en mesure de vous adresser au tribunal, vous n’êtes pas en mesure de donner votre part de vérité maintenant ?

Moussa Dadis Camara : Maintenant là, monsieur le président. 

Ibrahima Sory II Tounkara : Là, je vous le dis,  le tribunal ne peut pas vous obliger à dire ou à faire ce que vous ne voulez pas faire. Si vous n’êtes pas en mesure, si votre état de santé ne vous permet pas, le tribunal est obligé de vous suivre.

Si vous dites que vous ne pouvez pas, le tribunal vous suivra pour respecter vos droits.

Moussa Dadis Camara : Merci monsieur le président !

Ibrahima Sory II Tounkara : Est-ce que vous êtes en mesure de tenir les débats ?

Moussa Dadis Camara : Je ne suis pas en mesure pour la simple raison, le simple même fait que je suis arrêté…

Ibrahima Sory II Tounkara : Quand est-ce que vous serez prêt ?

Moussa Dadis Camara : Monsieur le Président, ce serait de l’incertitude. Je veux simplement vous dire, Monsieur le Président, si depuis plus de treize ans, je me suis battu corps et âme jusqu’à ce que je sois devant votre auguste tribunal, quels que soient les jours à venir, par la grâce de Dieu, je serai là, devant votre auguste tribunal, devant les éminents magistrats, pour vous livrer ma part de vérité. Mais, vous dire un jour, deux jours, je ne suis pas un homme qui aime mentir. Je veux vous dire simplement, Monsieur le Président, dès lors que je vais me rétablir, je suis même plus pressé, Monsieur le Président. En toute sincérité. 

Ibrahima Sory II Tounkara : On peut savoir de quoi vous souffrez, monsieur Camara.

Moussa Dadis Camara : ehh ! bon, j’ai… Il y a le médecin. Bon, c’est un peu…

Ibrahima Sory II Tounkara : On n’a pas reçu de dossier médical vous concernant, c’est pour cela que je vous pose cette question ?

Moussa Dadis Camara : Oui, sinon que les traitements. Et puis avec le palu que j’ai eu, un affaiblissement total. Et, je me gène… Parce que comme je l’ai dit, un officier…

Ibrahima Sory II Tounkara : Je suis obligé de vous informer que le ministère public nous a fait parvenir une information vous concernant. Ça fait très longtemps. Et à cet effet, je ne sais pas si c’était un de vos conseils ou si c’était vous ? Il avait été demandé trois semaines. Et, ces trois semaines sont épuisées. Donc, c’est pourquoi je vous demande de quoi vous souffrez ?

Moussa Dadis Camara, accusé : Oui, c’est des problèmes de… Et, je ne voudrais pas, Monsieur le Président, avec tout le respect que j’ai pour vous, pour votre auguste tribunal… Simplement, vous dire que je ne suis pas en forme, en toute sincérité. Et si dans moins d’une semaine je peux être devant votre auguste tribunal, ce serait encore mieux pour moi. Mais, vous dire une date, je ne suis pas Dieu.

Ibrahima Sory II Tounkara : On sera alors dans l’obligation de renvoyer cette affaire.

Moussa Dadis Camara : D’accord Monsieur le Président 

Ibrahima Sory II Tounkara : En tenant compte de votre état de santé voilà. Je ne donne la parole à personne, parce que c’est quelque chose qui ne peut pas se discuter…

En tenant compte de votre état de santé. Le tribunal va estimer d’autant plus qu’avant cette période, vous serez plus ou moins apte à pouvoir dire votre part de vérité à ce tribunal…

Parce que je l’ai rappelé, on nous avait rapporté que vous aviez en ce moment demandé trois semaines.

Moussa Dadis Camara, accusé : Oui.

Ibrahima Sory II Tounkara : Et on en avait tenu compte. Ces trois semaines sont déjà passées.

Moussa Dadis Camara : Effectivement, Monsieur le Président.

Ibrahima Sory II Tounkara : Personne n’a la parole.

Moussa Dadis Camara : Je peux déposer le micro, Monsieur le Président ?

Ibrahima Sory II Tounkara : Le tribunal renvoie cette affaire au 12 décembre 2012 pour la suite des débats. Vous avez une semaine, monsieur Camara. L’audience est levée.

A propos de « je ne donne la parole à personne, ce n’est pas un sujet à discuter, il faut dire que certains avocats, notamment ceux de Aboubacar Diakité, alias Toumba  et biens d’autres voulaient prendre la parole. Ce que le président du Tribunal n’a pas accepté arguant que c’est le droit de l’accusé de ne pas parler au motif qu’il est malade.

 

Ousmane CISSE