Emmanuel Macron avait qualifié ses relations personnelles avec le roi du Maroc Mohammed VI d’«amicales». Rabat a sèchement répondu.
Les temps sont rudes pour les relations entre la France et le Maroc. Pendant la conférence de presse qui a suivi son discours consacré aux relations entre la France et l’Afrique, le 27 février dernier, Emmanuel Macron avait qualifié d’«amicales» ses relations personnelles avec le roi Mohamed VI.
Le président français répondait à un journaliste marocain qui évoquait les relations «tendues» entre les deux pays. «Ma volonté est d’avancer avec le Maroc, sa majesté le roi le sait, nous avons plusieurs discussions, les relations personnelles sont amicales, elles le demeureront», avait-il assuré.
Rabat a réagi sèchement ce jeudi. «Les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée», a affirmé une source officielle au sein du gouvernement marocain, citée par le journal Jeune Afrique .
Les relations entre la France et le Maroc se sont détériorées ces dernières semaines, notamment à la suite du vote au Parlement européen fin janvier d’une résolution condamnant la détérioration de la liberté de la presse au Maroc. La classe politique marocaine et les médias proches du pouvoir, vent debout, reprochent à Paris d’être à l’origine de cette résolution.
Avancer malgré les polémiques
L’Élysée a réfuté jusqu’à présent l’existence de toute crise avec Rabat, même si la perspective annoncée d’une visite d’État du président Emmanuel Macron dans le royaume chérifien paraît s’éloigner. «Il y a, après, toujours des gens qui essaient de monter en épingle des péripéties, des scandales au Parlement européen, des sujets d’écoute qui ont été révélés par la presse», avait aussi déclaré le président français faisant référence à l’affaire Pegasus où le Maroc est accusé d’avoir mis sur écoutes des personnalités politiques françaises. «Est-ce que c’est le fait du gouvernement de la France ? Non ! Est-ce que la France a jeté de l’huile sur le feu ? Non ! Il faut avancer malgré ces polémiques», a aussi affirmé le président.
Au-delà de ces déboires récents, la France et le Maroc entretiennent une relation glaciale depuis plusieurs années. Il est notamment reproché à la France de traîner des pieds sur la question du Sahara occidental contrairement aux États-Unis et à l’Espagne qui ont reconnu la «marocanité» de ce territoire, «cause nationale» au Maroc. En outre, le rapprochement récent entre la France et l’Algérie, rivale régionale du Maroc, concrétisée notamment avec la visite du président français Emmanuel Macron à Alger en août ou la venue à Paris du chef d’état-major algérien, Saïd Chengriha, en janvier, continue de susciter des aigreurs à Rabat.
À ce point d’accroches d’ajoute la «guerre des visas», depuis que la France avait décidé de réduire de moitié les permis d’entrée accordés aux Marocains, arguant de la réticence du royaume à réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière dans l’Hexagone. Une mesure similaire avait été décidée à l’égard de l’Algérie voisine.
La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, en visite au Maroc, avait annoncé au mois de décembre la fin de la crise sur les visas qui empoisonnait les relations entre les deux pays.
Source: www.lefigaro.fr