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Affaire Asmao Diallo : l’inspecteur général Yaya Kairaba Kaba désavoué par le juge Moussa Camara

Heureusement la honte et le mensonge ne tuent pas en Guinée. Sinon beaucoup de cadavres se retrouveraient sur les rues de Conakry et certaines villes du pays. Lors de la sortie médiatique du ministre de la justice sur le dossier de dame Asmao Diallo condamnée au tribunal de Labé, l’inspecteur général des services judiciaires, Yaya Kairaba Kaba a soutenu mordicus, dans l’émission ‘’Mirador’’ n’avoir ni appelé à plus forte raison rencontré le magistrat Moussa Camara au sujet de cette condamnée. Les archives de l’émission en font foi.

 

Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi 1 septembre 2023, le magistrat Moussa Camara a démenti les propos du sieur Kairaba Kaba. Devant les caméras et micros des hommes de médias mobilisés pour la cause, le magistrat a annoncé sa déception face aux dires de cet inspecteur général des services judiciaires.

 

« Croyez-moi que c’est avec une grande désolation que nous prenons la parole pour donner la version réelle des faits dans cette procédure. Notre prise de parole est essentiellement fondée par le souci d’apporter un éclaircissement au niveau de l’opinion nationale guinéenne sur le fait qu’un dossier simple comme tous les autres dossiers gérés en longueur de journée par nous les magistrats a pu connaître une telle ampleur. Cette procédure je l’ai reçue ce n’est pas par ma demande, cela réside aussi de l’organisation interne de la juridiction (…). »

 

Cette procédure, ajout-il, a été prise suivant lettre d’avertissement pour fin de comparution volontaire par le procureur de la République contre madame Asmao Diallo poursuivie pour des faits de faux et usage de faux, abus de confiance dont les héritiers de feu Abdourahamane Diallo sont parties civiles. “Nous avons tenu les débats comme toutes les procédures et à l’issue nous avons rendu notre décision. Si vous voyez que nous prenons la parole, parce que nous avons été choqués qu’on nous demande des comptes à une décision de justice que nous avons rendu. C’est ce qui nous a particulièrement choqué”

 

Poursuivant son intervention, le magistrat a dit :« Le lendemain de la décision, a ma grande surprise quand le président du tribunal de Labé m’a appelé pour dire que le ministre les a mis en conférence, le procureur général autour de la procédure concernant dame Asmao. Je lui ai tout simplement dit que ça ne m’intéresse pas, j’ai rendu ma décision. (…) le juge Ansoumane est venu très inquiet et angoissé dans mon bureau qu’il y a une urgence de le trouver dans son bureau. Lorsque je suis venu, j’ai trouvé le procureur Gamy. Il a dit que le président du tribunal lui a dit que le ministre demande que je me présente à 10 heures à son cabinet faute de quoi, il va me suspendre. J’ai trouvé cela très curieux. Les minutes qui ont suivi, le président du tribunal m’a demandé si le juge Ansoumane m’a fait la commission. Il a dit il y a un numéro inconnu qui vous a appelé, c’est le numéro de l’inspecteur général Yaya Kairaba Kaba qu’il faut décrocher. Parce que ce numéro m’a beaucoup rappelé sans le décrocher. Sur le champ j’ai décroché et c’était aux environs de 11heures. Au téléphone, il (Yaya Kairaba Kaba) me dit Monsieur le juge, le ministre demande que vous vous présentez demain à 10 heures au cabinet faute de quoi il va vous suspendre. J’ai dit que je ne comprends pas comment on peut demander un compte à un juge alors que les voies de recours sont là. Aux environs de 17 heures, Yaya Kairaba m’a encore appelé pour me dire que le rendez-vous est maintenu le lendemain à 10 heures au cabinet du ministre.

 

Le lendemain à 10 heures Yaya Kairaba m’a appelé pour dire Monsieur le juge, il est l’heure. Le président du tribunal de Labé et moi, nous sommes partis ensemble. A ma grande surprise, quand je suis rentré avec le président du tribunal dans l’ascenseur, nous avons trouvé la personne que j’ai condamnée à Labé, madame Asmao Diallo. Contrairement à ce qu’on dit qu’elle était accompagnée par son avocat. Elle n’était pas accompagnée par son avocat, Me Bodi n’était pas avec nous dans l’ascenseur. Nous sommes partis ensemble jusqu’au troisième. Arrivé, c’était pour une confrontation dans le bureau de l’inspecteur. J’ai dit tout sauf ça, car je ne peux pas être quelqu’un qui sera pointé du doigt parmi les personnes qui ont contribué à l’affaissement du pouvoir judiciaire. Monsieur le président du tribunal et la dame sont rentrés dans le bureau. Après leur entretien, je suis aussi rentré dans le bureau de l’inspecteur. Il m’a dit non ce n’est pas moi qui vous a convoqué, c’est le ministre qui vous a convoqué et il faut l’attendre. J’ai patienté jusqu’à 14 heures. (…)

 

Lors de notre échange, je lui est dit que je ne comprends pas pourquoi on peut demander un compte à un juge surtout venant d’un pouvoir exécutif ou des politiques. Il m’a dit Monsieur le juge, pensez-vous que le ministre ne sait pas que vous êtes juge.

 

Quand vous êtes en face de lui, n’étaler pas les cours de droits et ne cherchez pas à vous défendre, parce que Charles Wright que vous avez connu avant et Charles Wright d’aujourd’hui sont deux personnalités différentes.

 

Charles Wright d’aujourd’hui est un homme politique influent auprès de cette transition. Donc il faut faire très attention pour ne pas être suspendu…”

 

Daouda Yansané