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Un acteur de la Société civile à Charles Wright : « on ne gère pas le département de la justice avec les discours belliqueux »

À Monsieur le Ministre recordman des évasions les plus spectaculaires que la Guinée n’ait connu jusqu’alors.

Alphonse Charles Wright, je voudrais vous dire ceci : on ne gère pas le département de la justice avec les discours belliqueux. Un Garde des sceaux, ministre des droits de l’homme dans un pays démocratique, doit être celui qui prône la cohésion et l’unité nationale.

Malheureusement, votre positionnement de belligérant face à chaque situation depuis votre arrivée à la tête de ce département de la justice, a fragilisé notre système judiciaire et pénitentiaire.

Les établissements pénitentiaires sont secoués, la sécurité sociale est plus que jamais menacée et l’incertitude persiste dans la cité. Vous en êtes à près des dix (10) cas d’évasions, mais vous êtes un élève qui refuse d’apprendre malgré tous les efforts de la République à votre disposition.

Et bien Tenez-vous bien, pour le comprendre avec moi à travers ce texte.

Dans toute société démocratique, les personnes qui travaillent dans les prisons réalisent un service public. Les prisons sont des lieux, comme les écoles et les hôpitaux, qui doivent être gérés par les pouvoirs publics dans le but de contribuer au bien public. Les autorités pénitentiaires doivent être responsables vis-à-vis d’un parlement élu et le public doit être tenu régulièrement informé de l’état et des aspirations des prisons.

Les ministres d’état et les hauts fonctionnaires doivent expliquer clairement qu’ils ont une grande estime pour le travail effectué par le personnel pénitentiaire, et on doit souvent rappeler au public que le travail dans les prisons est un service public important.

La gestion des prisons doit se faire dans un cadre éthique. En l’absence d’un solide contexte éthique, une situation dans laquelle un groupe de personnes détient un pouvoir considérable sur un autre groupe, peut facilement se transformer en abus de pouvoir.

Le contexte éthique ne se limite pas au comportement individuel des membres du personnel vis-à-vis des détenus. Il faut que l’idée de la base éthique de l’incarcération soit présente dans tout le processus de gestion, des plus hauts échelons jusqu’aux plus bas. La priorité accordée par les autorités pénitentiaires au respect exact des procédures, l’exigence d’efficacité opérationnelle ou les pressions pour respecter les objectifs fixés par la direction, sans tenir compte des impératifs éthiques, peuvent créer des situations inhumaines.

Si les autorités pénitentiaires se concentrent sur les processus et procédures techniques, les membres du personnel oublieront qu’une prison n’est pas une usine qui fabrique des voitures ou des lave-linges. Gérer une prison, c’est surtout gérer des êtres humains, qu’il s’agisse des membres du personnel ou des détenus.

Certaines questions dépassent les préoccupations d’efficacité et de rationalité. Lorsque l’on prend des décisions sur le traitement des êtres humains, on doit se poser initialement une question fondamentale : « Ce que nous faisons est-il correct ? ».

Lorsque l’on pense aux prisons, on voit souvent leur aspect physique : les murs, les clôtures, un bâtiment aux portes verrouillées, avec des barreaux aux fenêtres. En réalité, l’aspect le plus important d’une prison est sa dimension humaine, car la préoccupation principale des prisons, ce sont les êtres humains. Les deux groupes de personnes les plus importants dans une prison sont les détenus et les membres du personnel qui s’occupent d’eux. La clé d’une prison bien gérée est la nature des relations entre ces deux groupes.

Les personnes qui sont responsables des prisons et des systèmes pénitentiaires doivent aller au-delà des considérations techniques et administratives. Elles doivent se comporter en leaders, être capables d’enthousiasmer le personnel dont elles sont responsables et de lui communiquer l’idée de l’importance de leur manière de réaliser leurs tâches quotidiennes. Ces personnes doivent être des hommes et des femmes qui ont une vision claire et qui sont déterminées à maintenir le plus haut niveau dans le travail difficile de la gestion pénitentiaire.

En général, les prisons ne choisissent pas leurs détenus, elles doivent accepter ceux qui leur sont envoyés par le tribunal ou l’autorité judiciaire. Par contre, elles peuvent choisir leur personnel. Il est essentiel que les membres du personnel soient soigneusement sélectionnés, correctement formés, supervisés et soutenus. Il est difficile de travailler dans une prison. Il faut travailler avec des hommes et des femmes privés de liberté ; beaucoup de détenus souffrent de problèmes mentaux, de toxicomanie, ont des aptitudes sociales et éducatives peu développées et sont issus de groupes marginalisés par la société.

Certains sont dangereux pour le public, d’autres sont dangereux et agressifs, d’autres encore feront tout leur possible pour s’évader. Aucun d’entre eux ne veut être en prison. Chacun d’entre eux est une personne individuelle.

LE ROLE DU PERSONNEL PENITENTIAIRE EST DE:

Traiter les détenus de manière décente, humaine et juste; assurer la sécurité de tous les détenus; faire en sorte que les détenus dangereux ne s’évadent pas; faire en sorte que l’ordre règne dans la prison; donner aux détenus la possibilité d’utiliser leur détention de manière positive, pour qu’ils puissent se réinsérer dans la société après leur sortie de prison.

En dernier ressort, vous devez comprendre que les émeutes ou les attaques dans les établissements pénitentiaires font disparaître l’illusion que les gardiens contrôlent les prisons. C’est pourquoi, je vous invite à vous remettre en cause avec vos directeurs nationaux de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion que vous même aviez estimé inefficaces.

 

Algassimou MC DIALLO,

 

Président de l’ONG Santé hygiène carcérale.