Ansoumane Camara Bafoé : « j’ai vu des militaires correctement habillés à bord de deux camionnettes et une voiture de commandement se diriger dans l’enceinte du stade et des tirs ont aussitôt commencé »
C’est à la suite de l’ancien chef d’état-major général des armées, général Oumar Sano que l’ancien commandant de la compagnie mobile d’intervention et de sécurité de Cameroun a été entendu ce mercredi par le tribunal criminel.
C’est dans le dossier des évènements du 28 septembre que le Général Ansoumane Camara, alias Bafoé a comparu à titre de témoin.
Tout d’abord, il affirme qu’il a été appelé par le directeur général de la police d’alors, Valentin Haba qui lui demanda de prendre des dispositions pour mettre un dispositif sécuritaire en place en prélude aux manifestations projetées pour le 28 septembre. Ce qui fut fait de Dixinn à Kagbelen.
« J’ai vu Marcel, il était en civil, j’ai vu Aboubacar Toumba Diakité rentrer au stade à pas de géant, il était même débrayé sans ceinturon. Je l’ai vu à la sortie du stade et cette fois-ci, il avait certains leaders politiques en mains, ça c’était dans le cadre de la protection parce que certains étaient blessés et d’autres se lamentaient de douleurs. Je n’avais pas chronométré le temps mais ce qui reste clair, leurs entrée et sortie moi j’étais au commissariat spécial du stade parce que nous-mêmes on était en danger parce que n’importe qui pouvait prendre une balle perdue. Le matin, Colonel Tiégboro Camara était au stade mais il est rentré au même temps que les autres, ils sont rentrés à l’intérieur avec leurs hommes, sa protection, la brigade avec lui, les services spéciaux, un service mixte composé de la police et de gendarmerie. Et j’ai vu le ministre Tieéboro ressortir avec des blessées.Il est sorti en même temps que Toumba, ils avaient tous des blessées qu’ils envoyaient, je ne peux vous dire le temps ».
Arriver à l’esplanade du stade du 28 septembre, il déclare avoir trouvé le colonel Moussa Tiégboro Camara sur place qui tentait sur une voiture blindée de sensibiliser les manifestants. Mais avec la foule compacte, il replia avec ses hommes, affirme Bafoé.
Général Ansoumane Camara, affirme avoir vu quelques temps après des militaires correctement habillés à bord de deux camionnettes et une voiture de commandement. Une fois descendus, ces militaires se sont dirigés dans l’enceinte du stade, des tirs ont aussitôt commencé.
Il affirme avoir dit à ses hommes, notre mission s’arrête là avant de se réfugier au commissariat du stade avec ses hommes pour se mettre à l’abri des tirs.
Dans cette cachette, il affirme avoir vu le commandant Aboubacar Diakité, alias Toumba rentrer au stade et ressortir avec des leaders politiques blessés.
Général Bafoé affirme également avoir vu Marcel Guilavogui à l’esplanade du stade, mais habillé en civil.
Dans les questions, le président du tribunal et le parquet ont noté une variation de l’ancien commandant de la compagnie mobile d’intervention et de sécurité de Cameroun dans ses déclarations à l’enquête préliminaire, devant le juge d’instruction et à la barre.
Pour se défendre, Général Ansoumane Camara affirme qu’il y a eu un problème d’interprétation et peut être de la langue française, même s’il a reconnu sa signature sur le procès-verbal.
Alors, le parquet lui fera remarquer qu’il a fait sa déposition en toute liberté devant le juge d’instruction, pas du tout été effrayé encore moins inquiéter.
Le président du tribunal Ibrahim Sory II Tounkara, a repris aussi la parole pour donner au témoin Général Ansoumane Camara, les dispositions de la loi qui sanctionne le faux témoignage.
Pour le reste de la soirée, les débats ont été houleux entre le parquet, le tribunal d’un côté et le témoin Ansoumane Camara Bafoé.
Les audiences reprendront lundi prochain.