Ce mercredi, 14 février 2023, des audiences criminelles dans le procès des événements du 28 septembre 2009 se sont poursuivis.

Pour cette journée, c’est le témoin à charge Mamadou Chérif  Barry qui a raconté comment son fils adoptif Thierno Mamadou Barry a trouvé la mort.

Mécanicien de son état, c’est aux environs de 14h que son fils est allé chercher à manger. À son retour, le repas a été fusillé à la hauteur de Koloma marché.

Finalement c’est la Croix Rouge qui a pris le corps pour le déposer à la morgue de Donka. Il témoigne avoir vu des camions qui embarquaient les corps en présence du ministre de la Santé, Abdoulaye Chérif Diaby. Le témoin à charge affirme avoir vu à Donka beaucoup de corps au point qu’il a passé trois jours sans dormir. Les stigmates des corps et du sang lui hantaient toujours l’esprit.

Dans son récit, il affirme également qu’un de ses voisins et sa femme ont perdu la vie dans les événements.

Finalement, c’est au moment de l’embarquement des corps dans des camions militaires que la voiture de la Croix Rouge à bord de laquelle il se trouvait a été priée de quitter les lieux. Et c’est cette voiture de la Croix Rouge qui lui a déposé chez lui à la maison

« Ce jour, j’étais dans mon garage à kipe, nous avons travaillé jusqu’à 14 heures. Donc, il était l’heure du déjeuner quand mon fils adoptif du nom de Thierno Mamadou Barry est allé nous chercher à manger. A son retour, il est tombé sur un groupe de militaires qui ont tiré sur lui alors qu’il tenait le riz en main. Il a reçu huit (8) balles au niveau de la poitrine. Quand, j’ai été informé qu’ils ont tiré sur un jeune mécanicien, je suis allé voir et j’ai trouvé que c’était mon fils adoptif. Ceux qui ont tiré sur lui, on mangé le riz qu’il tenait et quand ils ont fini, ils ont tiré aussi sur le bol. C’est après que je suis allé au carrefour pour chercher un taxi pour venir prendre le corps de mon fils. Dieu faisant les choses, je suis tombé sur un véhicule de la croix-rouge. C’est un homme blanc qui conduisant. Donc, arrivés à Commandayah, nous sommes tombés sur un groupe de militaires, qui ont tiré sur le pneu du véhicule parceque le blanc avait mis du temps pour s’arrêter. Ceux-ci nous ont demandé où nous allions, on leur a dit qu’on partait déposer un corps à la morgue de Donka. Donc, ils nous ont laissé passer. Ce que j’ai vu ce jour à Donka, je prie Dieu de ne plus revoir ça. J’ai vu des corps superposés, le sang partout. J’ai vu des militaires prendre des corps pour embarquer dans un camion. En sortant de la morgue, j’ai vu un deuxième camion aussi qui rentrait. Tout se passait en présence du ministre de la Santé d’alors, Colonel Abdoulaye Chérif Diaby. Donc, c’est après tout cela que le blanc m’a déposé chez moi. Le jour de la restitution des corps, je suis allé mais je n’ai pas trouvé le corps de mon fils. J’ai appris que certains corps ont été jetés. Donc jusqu’à présent, je ne sais pas où se trouve le corps de mon fils ».

Alkhaly Condé