Les discours du genre « nous voulons une démocratie qui tienne compte de nos valeurs societales, de nos réalités culturelles et non une démocratie importée » sont très souvent populistes »
Les pourfendeurs de la démocratie devraient se rendre à l’évidence, à travers le bel exemple donné par le Sénégal le 24 février, que si les règles du jeu démocratiques sont vraiment respectées, il n’y a pas meilleur système que la démocratie.
Ce pays n’est d’ailleurs pas à son coup d’essai.
Les Sénégalais n’ont rien fait de spécial que de se rendre aux urnes pour exprimer leur choix à travers leurs bulletins de vote. Et puisque le « système » fonctionne bien, les résultats du vote reflètent clairement la volonté des électeurs
Il n’y a pas eu de place pour la contestation. Quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote, les tendances étaient quasiment connues de tout le monde y compris les candidats eux-mêmes Et ce, grâce à la contribution remarquable des médias.
C’est cela en particulier la démocratie. Même si encore une fois, la démocratie ne se résume pas aux élections.
Les discours du genre « nous voulons une démocratie qui tienne compte de nos valeurs societales, de nos réalités culturelles et non une démocratie importée » sont très souvent populistes. Ils cachent parfois la volonté de tromper le peuple. D’ailleurs, à chaque fois qu’on tient ce discours, on nous produit à la fin une constitution qui reprend les mêmes règles et reconduit quasiment les mêmes institutions.
En 2020, l’un des arguments phares brandis par les porteurs du très controversé projet de changement de constitution était le prétendu décalage de la constitution de 2010 par rapport à nos « réalités ». Certains avaient même osé qualifier ce texte de « chiffon », de « torchon ».
Mais le texte qui nous avait été proposé par la suite et qui avait été « adopté » était quasiment la copie conforme de celui de 2010.
La vérité, c’est qu’il y a des règles universelles en terme de démocratie. Ou on y croit et on s’engage à les respecter même contre soi, ou n’y croit pas, et dans ce cas,on les foule aux pieds.
Me Mohamed Traoré