En Guinée, plus de 500 journalistes travaillant dans les médias privés sont contraints au chômage en raison de la fermeture prolongée de leurs organes de presse. Une situation qui constitue un coup dur, non seulement pour les familles de ces employés, mais aussi pour la liberté d’expression en général.
Cependant, un silence lourd de conséquences plane sur cette situation, aussi bien du côté des autorités que des associations de journalistes et des patrons de médias. Ces derniers, d’ailleurs, semblent se rendre complices par leur indifférence face à cette violation flagrante des droits des travailleurs de la presse privée.
Des centaines de journalistes se retrouvent sans emploi, privés de leurs moyens de subsistance et leurs familles plongées dans une précarité croissante depuis le mois de mai. Pourtant, certaines voix influentes, qui auraient pu intervenir pour trouver une issue favorable à cette crise, choisissent de se ranger du côté de ceux qui détruisent la liberté de la presse.
Alors que des hommes et des femmes qui animaient l’information à travers leurs reportages, leurs analyses et leurs enquêtes se retrouvent désormais sans voix et sans visibilité, victimes d’une décision aux conséquences dramatiques, un autre phénomène inquiétant émerge : celui de la complicité de certaines structures censées défendre les droits des journalistes, comme les associations professionnelles et les patrons de presse.
En effet, alors que des milliers de journalistes sont sans emploi, le silence des associations de journalistes, censées être les garantes de leurs droits, est assourdissant. Ces structures, qui pourraient se mobiliser fermement pour la réouverture des médias et la sauvegarde des droits des journalistes, semblent se contenter de déclarations sans réel effet.
De plus, plusieurs patrons de presse, qui, par leur position, devraient être les premiers à défendre leurs journalistes et la liberté de la presse, ferment les yeux sur les difficultés quotidiennes de leurs employés. Certains semblent même privilégier la soumission, espérant une normalisation de la situation. Cette attitude suscite un sentiment d’abandon et de trahison parmi les journalistes, qui se retrouvent isolés, sans soutien et sans espoir.
La fermeture des médias privés ne touche pas seulement les journalistes sur le plan économique, mais aussi sur le plan moral. Ces derniers se retrouvent aujourd’hui dans une situation de précarité absolue. La plupart sont contraints de chercher de nouvelles opportunités professionnelles, souvent loin de leur passion et de leur vocation.
Le manque de solidarité au sein même de la profession, exacerbé par le silence des organisations censées les protéger, rend cette situation encore plus difficile à supporter. Dans ce climat de mépris, les journalistes privés, déjà fragilisés par la fermeture de leurs organes, sont contraints de mener une lutte sans voix, sans armes et sans soutien.
Face à cette situation alarmante, il est grand temps que la société civile, les associations de défense des droits de l’homme, ainsi que les autres acteurs concernés, prennent leurs responsabilités, au-delà des discours, afin de mener des actions concrètes pour garantir la réouverture des médias privés.
Les associations de journalistes doivent sortir de leur silence et agir en dénonçant d’abord la répression, puis en réclamant la réouverture des médias. Les patrons de presse, quant à eux, doivent se rappeler que la liberté de la presse est un droit fondamental qui ne peut être négocié ni laissé de côté sous prétexte de préserver des intérêts personnels, comme c’est malheureusement le cas aujourd’hui.
Il est également temps que la communauté internationale, à travers les organisations qui défendent la liberté de la presse dans le monde, notamment Reporters sans frontières (RSF) et l’Union de la presse francophone (UPF), se mobilise en exerçant des pressions sur les autorités guinéennes pour qu’elles respectent leurs engagements en matière de liberté de la presse et garantissent les droits des journalistes.
Amadou Diouldé Diallo