La perte de 35% des forêts guinéennes depuis 2000 est un phénomène alarmant qui reflète des tendances similaires dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Voici une analyse des causes et des conséquences, ainsi que des pistes de solutions :
Causes principales :
A. Agriculture sur brûlis :
En Guinée, comme dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, l’agriculture sur brûlis (ou essartage) est une pratique traditionnelle encore répandue, notamment dans les zones forestières et savanicoles. Cependant, les données précises sur sa proportion varient selon les sources et les régions. Voici les éléments disponibles :
1. Estimation de la pratique en Guinée
– Régions concernées :
La pratique est surtout observée en Guinée forestière (Nzérékoré, Macenta), en Moyenne-Guinée (Fouta Djallon) et dans certaines zones de la Haute-Guinée, où les paysans cultivent le riz, le manioc, l’igname ou le maïs sur des parcelles défrichées par le feu.
– Proportion des terres :
– Selon des études locales, environ 30 à 50% des terres agricoles en Guinée forestière utiliseraient le brûlis, contre 20 à 30% dans les autres régions.
– Une étude de la FAO (2020) estime que 40% des défrichements agricoles en Guinée impliquent le brûlis, surtout dans les petites exploitations familiales.
2. Impacts et alternatives
– Déforestation :
Le brûlis contribue à la perte de 100 000 à 150 000 hectares de forêt par an en Guinée (selon Global Forest Watch).
– Politiques de lutte :
Le gouvernement et des ONG (comme UICN ou FAO) promeuvent des alternatives (agroforesterie, agriculture de conservation) via des projets comme REDD+.
3. Données manquantes
Il n’existe pas de statistique officielle récente à l’échelle nationale, car les pratiques varient selon :
– Le type de culture (plus fréquent pour le riz de montagne ou l’igname).
– L’accès à d’autres techniques (mécanisation, engrais).
B. Exploitation illégale du bois :
Le commerce non régulé, souvent destiné à l’exportation vers la Chine, l’Europe ou d’autres pays africains, épuise les essences précieuses comme le teck ou l’acajou.
L’exploitation illégale du bois en Guinée est un problème majeur, contribuant à la déforestation, à la perte de biodiversité et à des pertes économiques pour l’État. Cependant, les données précises sur son ampleur restent difficiles à quantifier en raison de la nature clandestine de cette activité. Voici les estimations et informations disponibles :
1. Estimations de l’exploitation illégale du bois
– Part du bois illégal dans les exportations :
– Selon des rapports (Interpol, Banque Mondiale), environ 50 à 70% du bois exploité en Guinée serait d’origine illégale.
– Une étude de Global Witness (2019) révèle que des réseaux transfrontaliers exportent illégalement du bois vers la Chine, le Vietnam et l’Europe via des ports guinéens et voisins (comme la Côte d’Ivoire).
– Volume estimé :
– La Guinée perdrait entre 100 000 et 200 000 hectares de forêt par an, en partie à cause de l’exploitation illégale (source : FAO, Global Forest Watch).
– Les essences les plus touchées sont le teck, l’acajou et le bois rouge, prisés sur le marché international.
2. Principales zones affectées
– Guinée forestière (Régions de N’zérékoré, Macenta, Guéckédou) :
Principal foyer d’exploitation illégale, avec des coupes sauvages dans les forêts classées (ex : Forêt de Ziama).
– Boké (Basse-Guinée) :
Exploitation illicite liée à l’orpaillage et aux infrastructures minières.
3. Causes et acteurs impliqués
– Facteurs clés :
– Corruption et faible contrôle des autorités forestières.
– Demande internationale (Chine, Europe) pour les bois précieux.
– Implication de réseaux locaux et étrangers (commerçants libanais, chinois).
– Acteurs :
– Bûcherons clandestins.
– Transporteurs frauduleux.
– Complicités administratives (douanes, agents forestiers).
4. Efforts de lutte et défis
– Mesures gouvernementales :
– Moratoire sur l’exportation de bois (2018, renouvelé en 2022) – mais faible application.
– Projets REDD+ pour la gestion durable des forêts.
– Obstacles :
– Manque de moyens de contrôle (peu d’agents forestiers, corruption).
– Frontières poreuses (exportation via la Sierra Leone et le Liberia).
Conclusion
Bien que les estimations suggèrent que plus de la moitié du bois exploité en Guinée est illégal, la réalité pourrait être plus grave en raison de la faible transparence. Une meilleure application des lois, une surveillance satellitaire renforcée et des sanctions contre les complices sont nécessaires pour inverser la tendance.
C. Urbanisation et expansion minière :
. Urbanisation et expansion minière :
La croissance démographique et l’extraction minière (bauxite, or) empiètent sur les forêts, notamment dans les régions de Boké et Kindia.
Proportion estimée de chaque facteur
Il est difficile d’avoir des chiffres exacts, mais les études suggèrent que :
- L’exploitation minière est responsable d’environ 30-40% de la déforestation en Guinée.
- L’urbanisation et les infrastructures associées comptent pour 15-25%.
Conséquences :
– Biodiversité : La Guinée abrite des espèces endémiques (comme le chimpanzé occidental) menacées par la déforestation.
– Climat : Réduction des puits de carbone, aggravant les sécheresses et les inondations.
– Communautés locales : Perte des ressources traditionnelles (médicinales, alimentaires) et conflits fonciers.
Solutions potentielles :
- Renforcement des lois : Appliquer strictement le code forestier et lutter contre la corruption dans le secteur du bois.
2. Agriculture durable : Promouvoir l’agroforesterie et les techniques alternatives au brûlis (ex : compostage, rotation des cultures).
3. Protection des aires forestières : Étendre les parcs nationaux (comme le parc national du Haut-Niger) et impliquer les communautés dans leur gestion.
4. Écotourisme : Développer des projets générateurs de revenus pour réduire la pression sur les forêts.
5. Coopération internationale : Mobiliser des fonds climatiques (REDD+) pour financer la reforestation.
Exemple inspirant :
Le Libéria, voisin de la Guinée, a réduit la déforestation illégale grâce à des accords avec l’UE et un suivi par satellite. Une approche similaire pourrait être reproduite.
Cette crise appelle une réponse intégrée, combinant politiques publiques, sensibilisation et alternatives économiques pour les populations dépendantes des forêts.
Source : bambouguinee