Le 7 avril 2025, un artiste accusé de violences conjugales publiait un message présenté comme une réconciliation publique. Une mise en scène relayée par des personnalités publiques et des institutions, jusqu’au sommet de l’État. Le message, cependant, ne contient ni reconnaissance des faits, ni excuses, ni volonté de réparation.
Sous couvert d’un discours apaisant, les violences sont réduites à de simples « difficultés de couple ». Un glissement sémantique lourd de conséquences, que dénoncent fermement plusieurs collectifs, associations et professionnel·les engagé·es contre les violences faites aux femmes.
« Les violences conjugales ne sont pas des aléas relationnels. Elles sont des infractions, parfois des crimes. Et les victimes en meurent », rappelle le collectif dans un communiqué.
Une caution d’État qui choque
Ce qui suscite l’indignation : la participation apparente de l’État à cette opération de communication. Ni signal politique clair, ni condamnation des faits, ni rappel de la loi… Au contraire, une forme de validation publique d’un discours qui banalise la violence.
Pour les signataires du communiqué, il s’agit là d’une « faute grave » et d’une « violation des engagements nationaux et internationaux de la République de Guinée ».
Une infraction à l’État de droit
Le texte dénonce une orchestration en contradiction avec :
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Le Code pénal guinéen, notamment les articles relatifs aux violences, agressions et atteintes à l’intégrité physique et morale ;
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La Déclaration universelle des droits de l’homme.
« Le pardon, même sincère, ne saurait se substituer à la justice », soulignent les associations. « Sans reconnaissance des faits, sans remise en question, il ne peut y avoir de réparation. »
L’État a failli dans sa mission
Les auteurs du communiqué tiennent à le rappeler avec force :
« La victime reste dans sa position de victime — c’est l’État qui a failli. »
Ils soulignent les effets de l’emprise, de la peur, de la sidération ou encore du cycle de violence, largement documentés, qui peuvent expliquer certaines réactions de la victime. Mais ces éléments ne peuvent en aucun cas justifier l’inaction institutionnelle.
« Le problème, ce n’est pas la victime. Le problème, c’est un État qui, au lieu de faire respecter la loi, s’en détourne. »
Des exigences claires
Ce que les collectifs refusent :
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Que la violence soit effacée au nom de la notoriété.
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Que les institutions cautionnent la négation des faits.
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Que les victimes soient symboliquement abandonnées.
Ce qu’ils exigent :
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Le respect des engagements juridiques de l’État guinéen en matière de protection des victimes.
Ce qu’ils continueront de faire :
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Informer, accompagner, défendre les victimes.
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Dénoncer toute tentative de récupération politique.
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Refuser toute banalisation de la violence.
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Œuvrer à un véritable État de droit protecteur.
« La République ne peut pas être le refuge de l’impunité »
Le message de ces collectifs est sans équivoque :
« Nous ne plierons pas. Et nous ne nous tairons jamais. »
Alkhaly Condé