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Démocratie : les institutions africaines se montrent incapables de faire respecter les règles dont elles se sont librement dotées(Opinion)

Ces dernières années, il faut dire que les militaires ont le vent en poupe sur le continent africain.

Ils sont nombreux ceux qui ont blanchi le kaki contre des basins amidonnés et des cravate en lieu et place de la tenue militaire.

Un danger simplement pour la démocratie, selon l’ancien Bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Mohamed Traoré.

Lisez plutôt sa réaction….

L’Union africaine lève les sanctions contre le Gabon et le réintègre après l’élection – sans surprise – du militaire en disponibilité et grand danseur Brice Clothaire Oligui N’Guéma.

Elle avait d’ailleurs déployé des observateurs lors du scrutin du 12 avril dernier.

Or, c’est au sein de la même Union africaine que la Charte Africaine de la Démocratie, des Élections et de Gouvernance a été adoptée.

Cette Charte interdit expressément ce qu’elle appelle les changements anticonstitutionnels de gouvernement au nombre desquels figure le putsch ou coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu.

Elle indique de manière tout aussi expresse que les auteurs d’un changement anticonstitutionnel de gouvernement ne doivent ni participer aux élections en vue de la restitution de l’ordre démocratique ni occuper des postes de responsabilité dans les institutions de leurs pays.

Comment comprendre que cette Union africaine « valide » une élection à laquelle était candidat l’auteur d’un changement anticonstitutionnel de gouvernement ? N’est-ce pas une contradiction ? Et d’ailleurs pourquoi adopter des règles dans lesquelles on ne croit nullement et dont on sait qu’elles ne seront pas effectivement appliquées ?

Voilà l’une des raisons qui expliquent la perte de crédibilité des institutions ou organisations régionales et sous-régionales africaines. Elles se montrent incapables de faire respecter les règles dont elles se sont librement dotées, ce qui fait le bonheur des partisans du retour en arrière.

Ces derniers ont parfaitement compris les faiblesses de ces institutions et ne se privent pas de les exploiter. Ils savent qu’elles sont plus préoccupées aujourd’hui par leur propre survie que les questions de démocratie, d’élections et de gouvernance.

En réalité, les atermoiements, tergiversations voire la faiblesse ou l’impuissance de ces institutions face aux crises aiguës que traversent nombre de pays montrent encore une fois que les peuples ne doivent compter que sur eux-mêmes. Ils ne doivent rien attendre d’aucune institution, qu’elle soit mondiale, régionale ou sous-régionale. C’est aux citoyens de prendre en main leur destin. Les institutions s’accommodent très facilement des situations internes des pays.

 

Me Mohamed Traoré

Avocat à la Cour