Depuis 2021, la junte guinéenne semble miser beaucoup trop sur le mégaprojet Simandou, érigé en symbole de la renaissance économique nationale. Cette « surcommunication » a pourtant ses limites et pourrait à terme gêner les grandes entreprises engagées dans l’exploitation du gisement de fer de classe mondiale.
Avec ses 2,4 milliards de tonnes de fer de haute qualité, ses 15 milliards de dollars d’investissements annoncés et ses 100 000 emplois promis, le mégaprojet est devenu le centre d’une communication politique effrénée, bien plus que d’une stratégie économique rigoureuse.
Dans un pays où le chômage des jeunes frôle les 60 %, où plus de 80 % des exportations dépendent déjà de la bauxite, et où la dette publique atteint près de 50 % du PIB, Simandou est présenté comme la solution miracle. Pourtant, les premières recettes réelles ne sont pas attendues avant 2027 ou 2028, au mieux.
À force de grandes promesses, ce n’est pas seulement l’opinion publique qui pourrait être désorientée : ces promesses risquent aussi de mettre les investisseurs étrangers sous pression.
Les partenaires stratégiques du mégaprojet Simandou, à savoir Winning Consortium Simandou (WCS) ou Rio Tinto/Simfer, déjà engagés dans des investissements massifs, pourraient se retrouver pris au piège d’attentes politiques irréalistes et d’exigences de résultats rapides dans un contexte d’instabilité institutionnelle.
En multipliant les annonces spectaculaires avant même le démarrage concret des exportations, la Guinée prend le risque d’éroder la confiance de ses alliés économiques et financiers.
Les grands investisseurs ne sont pas dupes : ils savent que le succès d’un projet géant comme Simandou dépend autant d’un environnement politique stable que de la qualité du minerai.
Les autorités guinéennes jouent ainsi serré. En masquant l’absence de réformes structurelles derrière un écran de communication, elles exposent le pays à une profonde désillusion interne… et à un refroidissement des partenaires extérieurs, essentiels pour mener le projet à terme.
L’un des défis majeurs reste cependant la qualité des entreprises sous-traitantes locales et des ressources humaines guinéennes impliquées dans la dynamique du Simandou. Le pays devrait, avant même l’annonce des premières exportations, élaborer des programmes de formation adaptés aux besoins du mégaprojet.
Simandou reste donc une opportunité historique pour la Guinée. Mais à vouloir en faire aujourd’hui une icône politique plutôt qu’un véritable chantier de développement, le pouvoir militaire court le risque que la montagne, si bruyamment vantée, accouche d’une… souris.
Source: Westaf Mining