Beaucoup le connaissent davantage pour sa verve politique que pour ses compétences technocratiques. Dès lors, nombreux étaient ceux qui s’attendaient à voir le Premier ministre Amadou Oury Bah exceller sur le terrain politique, son domaine de prédilection. Pourtant, un an et trois mois après sa nomination à la tête du gouvernement, le constat est amer : aucun acte politique majeur, aucun signal fort, aucun jalon déterminant n’a été posé de sa part en direction d’un dialogue national inclusif ou d’un apaisement durable du climat sociopolitique.
Depuis le 27 février 2024, date de sa nomination, il est difficile, voire impossible, d’identifier des avancées politiques notables à mettre à son actif. En particulier, aucune initiative structurée n’a été entreprise pour mobiliser la classe politique autour d’un objectif commun : réussir, ensemble, une sortie de transition apaisée et consensuelle.
Le contraste avec son prédécesseur, Bernard Goumou, est saisissant. Celui-ci, pourtant davantage perçu comme un technocrate que comme un homme politique, s’est révélé étonnamment plus actif et efficace sur le front politique. Sous son leadership, les partis politiques — y compris les plus irréductibles comme le RPG/Arc-en-ciel et l’UFDG — ont été réunis à plusieurs reprises autour de la même table au Centre islamique de Donka.
C’est également sous Bernard Goumou, d’abord Premier ministre par intérim puis titulaire, que les Assises nationales se sont poursuivies. Cet événement a rassemblé les forces vives de la nation : acteurs politiques, société civile, leaders religieux, juristes, journalistes, artistes, etc. Ces Assises ont été sanctionnées en août 2022 par un rapport officiel solennellement remis au président Mamadi Doumbouya par Monseigneur Vincent Koulibaly, archevêque de Conakry, et Elhadj Mamadou Saliou Camara, grand imam de la mosquée Fayçal. Bernard Goumou a également été à l’initiative de la nomination des trois facilitatrices chargées du dialogue inter-guinéen. Dans la même logique, il n’a pas hésité à se rendre, lui-même, dans les différents quartiers généraux des coalitions politiques pour tenter de renouer le fil du dialogue.
« Ce que je demande à nos frères, ceux qui hésitent encore, c’est de venir à la table du dialogue. Nous sommes tous des Guinéens. Il faut qu’on se retrouve entre Guinéens, il faut qu’on discute. Je pense qu’on peut faire des exploits et avancer pour le bien-être du peuple de Guinée », déclarait-il alors avec conviction.
Face à cette dynamique passée, une question revient aujourd’hui avec insistance sur les lèvres des observateurs : « Mais que fait le Premier ministre Amadou Oury Bah à la Primature ? » À croire que le profil ne garantit en rien les résultats. La preuve !
Abdoulaye Sankaran