Bann728x90

Crise à l’AMG : une Commission électorale dissoute défie le Conseil d’administration et convoque une AG parallèle

L’Association des Magistrats de Guinée (AMG) est plongée dans une crise institutionnelle inédite. En conflit ouvert, le Conseil d’administration (CA) et la Commission électorale se disputent la légitimité du processus électoral en cours, menaçant la cohésion de l’organisation et son image à l’échelle internationale.

Le président du Conseil d’administration, Mohamed Diawara, a récemment annoncé la dissolution de la Commission électorale, évoquant de « graves manquements » dans l’organisation du scrutin à venir. Une décision qui n’a pas empêché ladite Commission de poursuivre ses activités et de convoquer une assemblée générale élective pour le jeudi 12 juin 2025, en dépit de sa dissolution officielle.


Une double convocation, deux légitimités

Le Conseil d’administration, dans un communiqué, a convoqué une assemblée générale extraordinaire le 5 juin 2025, avec trois objectifs majeurs :

  • Recomposer une nouvelle Commission électorale, exclusivement composée de membres à jour de leur cotisation ;

  • Réaliser un audit interne du processus électoral ;

  • Tirer les leçons des dysfonctionnements constatés.

Pourtant, une semaine plus tard, la Commission dissoute, toujours dirigée par Mamadou Saliou Diallo, Commissaire général du Gouvernement près la Cour des comptes, entend organiser un scrutin parallèle. Dans une note adressée aux chefs de juridiction, elle annonce le report des audiences prévues le 12 juin afin de faciliter la tenue de cette élection controversée.


Bras de fer juridique et avertissement international

Le Conseil d’administration rappelle un principe fondamental du droit administratif : « L’autorité qui a le pouvoir de créer un organe est également habilitée à le dissoudre », s’appuyant notamment sur la jurisprudence du Conseil d’État français (décision n°33 du 17 mars 1983).

Dans un courrier officiel daté du 28 mai (réf. N°12/AMG/2025), le président Mohamed Diawara a saisi le Garde des Sceaux pour dénoncer la tenue de cette AG parallèle jugée illégale. Une tentative de médiation a eu lieu le 2 juin au ministère de la Justice, sans aboutir à une issue consensuelle.

« Toute assemblée générale non convoquée par le Conseil d’administration est irrégulière », insiste le Conseil, qui préconise une AG légitime pour :

  • Diagnostiquer la crise actuelle,

  • Réviser les statuts et règlements intérieurs,

  • Élire une nouvelle Commission électorale,

  • Et fixer une date pour des élections inclusives et transparentes.


Enjeu : la reconnaissance internationale de l’AMG

Au-delà de la rivalité interne, le Conseil d’administration alerte sur les conséquences internationales d’un processus électoral vicié. Affiliée à l’Union Internationale des Magistrats via le Groupe Régional Africain, l’AMG risque un isolement diplomatique en cas d’élections contestées.

« Les magistrats issus d’un tel processus seraient considérés comme illégitimes et pourraient être exclus des activités de coopération et de formation à l’international », avertit Mohamed Diawara.


Quel avenir pour l’AMG ?

Alors que la date du 12 juin approche, les magistrats guinéens se retrouvent face à un dilemme : deux assemblées générales, deux processus électoraux, et deux légitimités concurrentes. Une situation qui menace l’unité de leur organisation professionnelle.

À l’heure des tensions, seule une sortie de crise fondée sur le droit, le dialogue et le respect des textes semble à même de préserver l’AMG et de restaurer sa crédibilité, tant sur le plan national qu’international.

Source : Mediaguinee