Le moins que l’on puisse dire, c’est que la publication du résultat des audits et des poursuites judiciaires  engagées par l’Etat contre les présumés auteurs  de détournement de deniers publics tarde à produire des résultats escomptés.

Si fait que nombreux sont des citoyens qui crient aux règlements de compte politique.
 L’Etat protège biens de présumés auteurs et s’acharnerait sur des innocents. C’est le cas de la société Hamana dont le PDG a adressée une lettre ouverte à l’inspecteur général d’Etat Massoud Oumar Thiam. Guineelive vous propose l’intégralité de la missive. Lissez plutôt.

Je saisis cette  occasion  qui m’est offerte pour vous livrer ma part de vérité autour de l’affaire dénommée ‘’AFFAIRE BCRG  ‘’ pour laquelle vous m’avez retenu en garde à vue et en prison sans aucune autre forme de procès, je pensais que ces genres de pratique sont révolus. Mais hélas !

Monsieur, cette affaire remonte en 2007 avec le Gouvernement de consensus de Monsieur Lansana KOUYATE, Premier Ministre, Chef du Gouvernement.

 En effet, dans son programme d’urgence de soulager le panier de la ménagère au mois de Ramadan, l’Etat à travers le ministère du commerce a acheté avec  la société HAMANA,  7 500 TM de poudre de sucre.

 Cette quantité était stockée dans mon magasin à Matam et le ministère du commerce s’est chargé de sa vente à la population et non Hamana, ce qui est normal puisque propriétaire de la marchandise.

Après avoir réglé tous les détails liés à cette opération, je suis allé en Angola pour affaire.

 A la fin de cette opération de vente, le ministère à procédé à un rapprochement contradictoire entre les inspecteurs chargés de la vente et mes magasiniers, au cours du pointage un bon de livraison a été récusé par les inspecteurs au motif que leur signature a été imitée malgré l’existence du cachet du ministère sur le document.

Dès mon retour d’Angola, le ministère m’a ‘informé de la situation. Mis devant les  faits,  et pour éviter d’éventuels problèmes, j’ai pris l’engagement  de régler le bon récusé dont le montant s’élevait à 1 962 600 000 GNF.

 Monsieur, il s’est trouvé qu’au cours de la même période, j’avais importé des containers de marchandises, après avoir rempli toutes les formalités douanières, je me suis rendu au dépôt pour leur enlèvement. Mais à notre grande surprise, les containers n’y étaient pas, à la réclamation, les agents du dépôt des douanes ont reconnu les avoir enlevé  par erreur. La valeur de ces marchandises se chiffrait à 2 000 000 000 GN.
Suite à cet état de fait, j’ai demandé à la douane de me payer mais, elle m’a renvoyé auprès du ministère des finances tout en précisant que l’argent des containers a déjà été versé sur un compte domicilié à la BCRG. Au département des finances, on m’a conseillé de porter plainte, et que si le jugement m’est favorable, je serais payé. Ce que j’ai  fait.

En 2009, la commission d’audit du CNDD est revenue sur le dossier, elle m’a demandé de payer le montant dû. Mais lorsque j’ai présenté l’arrêt de jugement, la commission n’a trouvé à redire. Elle a juste proposé que j’ai paie une partie, c’est-à-dire, 850 000 000 GNF et a promis de procéder à une compensation pour le reste du montant.  

Le dossier a été déposé à l’Agent Judiciaire de l’Etat d’alors, qui a promis de me remettre copie une fois, l’acte de compensation signé, ce qui n’a jamais été fait. Et depuis, aucun sous ne m’a été réclamé, à mon sens ce dossier était donc clos.

Monsieur, ce n’est que le lundi 11 Août 2014, que j’ai été convoqué par vous par rapport au même dossier. En procédant à un rapprochement, nous avons été d’accord sur le solde d’un montant de  1 112 600 000 GNF en faveur de l’Etat.

Un document a été établit à cet effet pour sanctionner l’accord de principe et qui a été dûment signé par les parties. J’ai  demandé une  copie, je ne l’ai pas eue, mieux, vous m’avez intimé de payer cette somme sur place.
A mon tour, je vous  ai présenté l’arrêt qui condamnait l’Etat de me payer les 2 000 000 000 GNF, valeur de la marchandise enlevée  au dépôt par les douaniers. En plus, je vous ai fait comprendre que l’Etat me doit 185 350 000 000 GNF.

Par ailleurs, je vous ai expliqué mes difficultés financières, malgré ma volonté de m’acquitter. J’ai même formulé une doléance pour avoir le temps jusqu’à jeudi, pour me permettre de verser un acompte substantiel, vous avez refusé. Curieusement, au lieu d’accéder à ma doléance, vous avez piqué une colère noire, en m’intimant de solder le compte, faute de quoi, je ne bougerai pas.

Vous mettez votre menace en exécution en me mettant en garde à vue à la brigade de la gendarmerie, du matin jusqu’à 19 heures, pour me conduire ensuite à la gendarmerie du marché Niger où je suis resté jusqu’à minuit, heure à laquelle vous avez chargé un inspecteur de venir vérifier si je suis toujours là où vous m’avez fait conduire.
A cette heure tardive, le colonel de la dite gendarmerie est venu me dire qu’il a négocié ma libération de son propre chef auprès de vous. C’est ainsi que j’ai été libéré sous condition que je revienne le lendemain.

Le mardi matin 12 août, je me suis présenté comme convenu. Là également vous m’avez fait retenir jusqu’au soir, avant d’autoriser ma libération et me demander de verser un acompte.  

Le mercredi, 13 août, j’ai mobilisé 146 000 000 GNF pour aller verser à la BCRG suivant le numéro de compte que vous avez mis à ma disposition. Il  s’est trouvé que ce n’était pas le bon. Je vous ai alors appelé pour vous en informer, vous m’avez dit d’attendre, qu’un autre numéro sera mis à ma disposition. Toujours au téléphone, je vous ai proposé d’aller prendre le numéro avec vous au bureau pour éviter toute autre forme d’erreur. Ce qui vous a irrité, vous avez lancé qu’il ne m’appartenait pas de vous apprendre comment travailler. Peu de temps après, le DAF de l’Agence judiciaire de l’Etat m’a trouvé à la banque et  ensemble, nous avons effectué le versement. Cela ne vous a pas suffit, vous m’avez encore retenu jusqu’au soir.

Monsieur l’Inspecteur, en me libérant, vous m’avez dit que c’est le Président de la République qui vous a instruit de m’arrêter et que l’Etat ne me doit rien, je n’ai pas à savoir si oui ou non que l’ordre émane du chef de l’Etat, par expérience, au temps du régime de feu Général Lansana Conté, des  Présidents de transition Dadis et Sékouba, bon nombre de citoyens ont connu la prison à cause de ces  agissements pareils, au moment de se rendre compte de la réalité des faits, le mal est déjà consommé. Tout cela se dit et se fait au nom du seul président par ceux la même qui viennent rapporter les faits en leur manière.

Après mûre réflexion, je suis arrivé à cette conclusion :

–           La société SAFRICOM qui doit une somme de 22 000 000 000 GNF vous a présenté un document de compensation, vous avez accepté ;  

–          La société HAMANA qui ne doit qu’1 112 600 000 GNF a eu son document rejeté.

Le gros débiteur n’a jamais fait l’objet de garde à vue ni de prison.

 

–          Monsieur Cherif BAH à qui on reproche un montant d’USD 10 000 000 soit 70 000 000 000 GNF n’a pas été non plus inquiété.    

Enfin monsieur l’Inspecteur Général d’Etat, dans cette affaire, vous vous êtes rallié à mes adversaires pour  mener contre moi un combat sans merci, suite au contentieux qui a opposé la société SAFRICOM à la société HAMANA, à l’issu duquel SAFRICOM a été condamné au paiement de 21 214 084 350 GNF au profit de la société HAMANA, en date du 24 avril 2014.

 

Sinon comment comprendre la société HAMANA, n’a jamais vendu un seul sac de sucre dans cette affaire et n’a contracté aucune dette, puisse faire l’objet de toute cette tracasserie.

 Je crois savoir que je ne suis pas le seul débiteur de l’Etat, je ne refuse non plus de payer mais par contre, je suis le seul à être retenu contre mon gré par vous et vous seul et cela au nom je ne sais de quel droit. Ce que je qualifierai d’abus de pouvoir. Pire, hors mis votre fonction, vous avez érigé votre bureau en une Agence judiciaire de l’Etat et un tribunal.

Monsieur l’inspecteur, pour votre gouverne, je vous informe que l’Etat me doit plus que je ne le dois. Tenez bien, en juillet 2011, le gouvernement à travers son ministère du commerce a commandé auprès de la société Hamana 15 000 TM de riz blanc et 21 700 TM de sucre, avec cette commande nous avons demandé la signature d’un contrat. Le ministère nous a dit qu’aucun contrat ne sera fait tant que la marchandise n’est pas à Conakry, pour la bonne raison que bon nombre d’opérateurs économiques ont bénéficié des contrats qui sont demeurés sans suite.

 

Dès que le sucre est arrivé, le contrat de fourniture de sucre a été établit, il a demandé ensuite que la société Hamana se charge de la manutention et du transport, afin d’éviter d’éventuels surestaries, et qu’au moment du paiement du prix du sucre nous serions remboursés des frais supportés. Nous avons accédé à cette demande.

A l’arrivée du bateau de 15 000 TM de riz, notre société a déposé les documents au ministère qui a lancé la commande. Il a refusé de le prendre arguant avoir déjà acheté suffisamment de riz.

 Embarrassé, j’ai introduit une demande de sortie provisoire au près de la Direction Générale des Douanes tout en s’engageant de payer les frais de douane à la fin du mois.
A l’échéance, je n’ai pu honorer mon engagement faute de non paiement de la marchandise pour par le gouvernement.

 A cette même époque le ministère du commerce a inondé le marché avec du riz subventionné, nous n’étions plus en mesure de vendre notre riz.

La douane ayant constaté le non paiement de ses taxes, s’est retourné contre Bolloré pour arrêter toutes ses activités au niveau du port. Puisque c’est lui qui est le transitaire.

 En revanche, Bolloré a porté plainte contre Hamana, la justice a ordonné la saisie conservatoire de la marchandise et cela plus d’une année. A l’ouverture du magasin, suite à la main levée, nous avons constaté que la marchandise était complètement avariée.

 Pour clore, le dossier de 15 000 TM de riz se trouve toujours au niveau de monsieur l’Agent Judiciaire de l’Etat, pour un montant de 31 500 000 000 GNF.

 Pour les 21 700 TM de sucre il se trouve au  niveau de la commission interministérielle instituée à cet effet  la valeur marchande augmentée des frais s’élève à 185 358 396 700 GNF.  Sans oublier les 2 000 000 000, valeur des conteneurs enlevés par les douaniers en 2002.  

 En récapitulant toutes ces affaires en souffrance nous obtenons un montant cumulé de 218 858 396 700 GNF. Du 17 juillet jusqu’au jour où on écrivait cette lettre, aucun franc n’a fait l’objet de paiement.

 
Face à cette créance, les agios bancaires du 01/09/2011 au 31/07/14 s’élèvent 83 489 100 800 GNF.

 J’ai présenté tous ces documents avec commentaire à l’appui, monsieur Massoud a trouvé moyen de me retenir à la brigade de la  gendarmerie et à la gendarmerie du marché Niger du matin jusqu’à 19 heures et cela pendant trois jours.

 Monsieur, hors mis tous ses faits et gestes, selon votre déclaration à la RTG, vous avez affirmé que je dois 2 milliards GNF au lieu d’1 milliard GNF.

 Je mets au défit toute personne qui vous apportera un document officiel dûment signé et cacheté sur lequel Hamana reste devoir la somme de 2 milliards, je vous signerai séance tenante un chèque du montant incriminé, et 250 000 000 GNF pour celui qui vous a déposé le document.

En guise de rappel vous et moi avons signé un accord de dette en faveur de l’Etat la somme 1 112 600 000 GNF.

 Vous avez passé sous silence le montant de la dette de SAFRICOM, ce qui prouve encore une foi à suffisance votre ralliement à mes adversaires pour me mener une guerre sans merci

 Monsieur, je dois à la vérité de vous dire que dans cette affaire tout le problème est né autour  d’un bateau de 27 000 TM de riz que j’ai importé dans le quel SAFRICOM a déchargé 5000 TM tout en maintenant une fausse déclaration que le bateau a une cargaison de 32 000 TM de riz, la justice nous a départagé en condamnant SAFRICOM et TRANSCO au paiement de 22 milliards à la société HAMANA.

 
Pour conclure il faut retenir ceci :

 –          L’Etat doit à la société HAMANA la somme de 218 milliards GNF ;

–          HAMANA doit à l’Etat la somme d’un milliard GNF.

 En fin ce qui est grave à constater quand on est investi du manteau de l’Etat pour agir en son nom et qu’on use à des fins personnelles quand on s’oppose à de telle pratique on dit qu’on s’attaque à l’Etat, je dis non.

 Moi je ne m’attaque pas à l’Etat, mais à une personne, il s’agit de Monsieur Massoud Oumar THIAM.  

 

Conakry le 27/08/14

 

Mohamed KOUROUMA, PDG  Hamana