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LETTRE OUVERTE A LA 8ème LEGISLATURE DE LA GUINEE

Honorables députés,
C’est pour moi un honneur et un agréable devoir de m’adresser à vous pour vous féliciter chaleureusement de la compétence et du dynamisme dont vous faites preuve dans la gestion des affaires de la glorieuse république de Guinée.

La perfection continue que vous ne cessez de manifester dans les débats prouve à suffisance la maturité du peuple de guinée face au choix de ses représentants.

Encore une fois, je vous en félicite et vous prie de toujours œuvrer dans ce sens pour davantage mériter de la confiance du peuple du 28 septembre.

Pour un rappel de l’histoire de la lutte de libération des peuples colonisés de l’Afrique, la Guinée a eu la gloire d’en avoir été le porte-flambeau.

En effet le vote du 28 Septembre 1958 a eu pour conséquence la dislocation de l’empire colonial français, la Guinée avait fait plus de mal à la France que le Viêt-Nam et l’Algérie.

C’est le 25 Août 1958, jour d’arrivée du général de gaulle à Conakry.

Cette guerre n’est plus à justifier aujourd’hui. Ce sont des décideurs français eux-mêmes qui l’expliquent dans leurs ouvrages et cela après la mort d’Ahmed Sékou Touré.

Parmi tant d’auteurs, je ne citerai ici que deux agents secrets français dans leur livre « la piscine » : « le général De gaulle donne le feu vert pour une action globale de déstabilisation. Pendant vingt ans, les complots vont se succéder sur le sol guinéen …

Le leader guinéen a contre lui l’ensemble du dispositif occidental du renseignement… On décidé de frapper un grand coup : éliminer Sékou Touré est installer par la force un nouveau régime à Conakry. …. ». Ces deux auteurs, Pascal Krop et Roger Faligot ont écrit ces propos à la page 245 de leur livre. C’est après l’échec successif de ces complots qu’il a été décidé de prendre les armes contre nous, le 22 novembre 1970. Le Camp Boiro dont on parle tant n’a été que le lieu d’incarcération des guinéens recrutés pour l’exécution de ces sales besognes. Ils étaient 703 et non 50 000 selon la commission d’enquête mise en place par le CMRN au lendemain de sa prise du pouvoir. Ce chiffre qui comporte des doublons a été diffusé dans le rapport de compte rendu de cette commission et publié par Alseny Réné Gomez dans son livre, « Camp Boiro, Parler ou Périr » dans lequel il a été dénombré 117 morts par la même commission. Non contents de ces données, les soi-disant victimes du Camp Boiro ont inventé 50.000 morts en mentant, comme toujours, sur Amnesty International.

Honorables députés, c’est un devoir pour moi de vous rappeler que c’est le peuple martyr de Guinée qui avait eu la victoire. Le monde entier le sait très bien. Sur la base e cette victoire, la France et la Guinée ont décidé de se réconcilier sous l’égide des Nations Unies.

Voici un extrait du communiqué solennellement signé par les deux gouvernements :

« Le gouvernement  français rappelle que l’un des principes fondamentaux de sa politique étrangère est de n’intervenir ni directement, ni indirectement dans les affaires des autres Etats…. Le gouvernement français regrette les activités de ceux de ses ressortissants qui ont contrevenu à ce principe…. Il doit être instauré entre le gouvernement guinéen et français un dialogue fondé sur une pleine reconnaissance de la souveraineté, de la dignité et de la spécificité guinéenne, sur une franche discussion des questions en suspens et sur une coopération équilibrée entre partenaires égaux, indépendants et souverains…

Les deux gouvernements estiment réunis les éléments qui permettent la normalisation des rapports entre les deux Etats sur les bases justes et nettes et ont décidé de donner leur accord à ce communiqué qui sera rendu public simultanément à New-York, à Conakry et à Paris le 14 Juillet 1975 »

Messieurs les honorables Députés, voilà la preuve irréfutable de la guerre dont nous parlons. Le président français Valery Giscard d’Estaing est venu en Guinée en décembre 1978 pour célébrer cette réconciliation. Ahmed Sékou Touré l’a promené dans toute la Guinée et l’institut Supérieur a effectivement existé et que le peuple de guinée l’a durement subie. Chacun d’entre nous, selon sa conviction, peut la commenter. Mais au haut lieu de la souveraineté guinéenne, qu’est l’Assemble Nationale, il est regrettable que cette souveraineté soit mise en doute.

Si j’ai tenu à vous faire un rappel de l’histoire, c’est pour éclairer la lanterne de certains Députés qui ne savaient pas exactement comment le peuple de Guinée a subi la guerre d’indépendance et comment il avait fini par avoir la victoire.

Mon souhait le plus ardent est qu’aux yeux de toute l’Afrique, de tout le monde entier, nous refusions de ternir la gloire de la Guinée. C’est une volonté évidente de manifester le degré de patriotisme guinéen à travers toute la lutte de libéralisation.

Veuillez accepter Honorables Députés, l’expression de ma très haute considération.

                                                                           Conakry, le 10  décembre 2014

                                                          El hadj Momo Bangoura

                                                                   Ancien député