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Égalité des sexes : des femmes plaident et interpellent les députés

Le 05 avril prochain s’ouvrira conformément à la loi, la session des lois de l’Assemblée nationale. Les femmes de Guinée veulent mettre à profit cette période pour se faire entendre pour la révision égalitaire du code de la famille qu’elles qualifient de caduque et illégal.

La première étape de leur démarche consiste à faire de plaidoyer auprès de certains décideurs politique, notamment la ministre de l’Action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance et au niveau du forum des femmes parlementaires de Guinée
Interrogée sur le sujet, la députée Nanfadima Magassouba, présidente du forum des femmes parlementaires de Guinée, siégeant au groupe parlementaire de la mouvance présidentielle a dit tout son soutien à la cause de la femme guinéenne. Elle a rappelé qu’elle mène ce combat depuis plus de vingt ans entant qu’activiste de la société civile. « Nous avons été pendant des années victimes de l’injustice dans ce pays. Il est temps pour nous de réclamer l’application de nos droits et qu’une certaine modification soit apportée au code de la famille. Le code de la famille en vigueur est rédigé par les hommes qui se taillent la part belle. Nous les femmes parlementaires, nous nous battrons à l’hémicycle pour que justice soit rendue. Le code qui sera révisé doit être équitable. C’est vrai que nous avons nos coutumes et mœurs, mais à un certain niveau, nous avons aussi des droits à défendre. Je lance un appel aux hommes députés d’avoir une oreille attentive au cri de cœur de leurs mamans, épouses, filles et sœurs »
Quant à l’action de plaidoyer sur le terrain, les ONG féminines réunies au sein du Centre FECPA (Femmes, citoyenneté et paix) ont rencontré leur ministre de tutelle. Devant la ministre, la porte parole des femmes a rappelé que la Guinée a été la référence pour beaucoup de pays africains en ce qui concerne l’élaboration du code de la famille. En 1962 déjà, la Guinée avait son code de la famille. Six ans après, il a été amélioré. En 1975, le Sénégal s’est inspiré de notre code. Aujourd’hui, ce pays est en avance sur nous. « Ce qui nous choque, par exemple, c’est le fait que l’âge du mariage chez le garçon est de 18 ans et chez la jeune fille de 17 ans. Un autre aspect choquant concerne l’autorité familiale. En l’absence de l’homme dans le foyer, il n’y a pas une autre autorité. Nous plaidons pour une autorité parentale. Le même code nous dit qu’il n’y a l’adultère chez l’homme que lorsque que son acte se passe sur le lit conjugal. Pour la femme, dès qu’elle sourit à un homme, on crie à l’adultère. » A fait remarquer Michèle Sona Koudouno. Elle déplore le fait que le code n’est pas clair en ce qui concerne les violences conjugales faites aux femmes. Elle a enfin lancé un appel aux députés pour une révision paritaire du code
Quant à la ministre Sanaba Kaba, elle a signifié que toute guerre qui se fait pour les femmes sans les femmes est contre les femmes. « La guerre pour la validation du code civil révisé est d’abord une guerre au féminin » A déclaré la ministre.
Assisse dans son restaurant sise à Coléah (Cité Police), Mariame Cissoko pense que le combat est légitime pour dit-elle alléger la charge des femmes dans les foyers. « Je n’ai pas trop poussé mes études, mais je sais que les femmes ont aussi des droits qu’il faut reconnaitre et respecter. Nous sommes de cœur d’avec celles qui nous défendent au niveau de l’Assemblée nationale. Ce gouvernement ne respecte pas les lois » A martelé notre interlocutrice.
Pour Souleymane Camara, chef section protection de genre au ministère de l’Action sociale, la démarche des femmes est légitime. Il remarque que leur combat est d’un gout inachevé en ce sens que les femmes ne se font pas de souci pour la santé de leurs filles en ces termes : « Elles doivent aussi se battre pour l’application de la loi sur l’excision. Cette pratique est dangereuse pour la santé de la petite fille. Elles doivent en parler et plaider pour son abolition pure et simple. Nos députés doivent revoir le code, il est caduque ».

Aly Badara Condé

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