Après plus d’un demi siècle d’indépendance, il convient de faire une rétrospective du parcours effectué par le peuple de Guinée, la longue traversée du désert, sous les différents régimes politiques, pour en tirer des enseignements et établir un certain bilan des acquis, s’il y en a eu.

Nos repères sont, à la fois, du passé et  du présent de notre vie commune.
De cette vie qui n’aurait eu presque plus de sens, si malgré les manœuvres   de diversions  auxquelles certains régimes politiques ont recouru pour tenter de  tuer l’unité nationale, les guinéens n’avaient compris la nécessité et le besoin de préserver et de consolider leurs identités communes : l’appartenance au même  pays et à la même culture. Ce fut et c’en est toujours un  long et douloureux parcours jonché d’embûches et  d’intrigues pour ce peuple divers qui continue de souffrir le martyr.
 En vérité, la Guinée n’a jamais été bien dirigée, voilà qui explique le péché originel dont les guinéens font toujours les frais. Petit pays dont le peuplement se fut à partir  des faits historiques bien connus, la Guinée avait, au tout début,  paru être un privilège de la nature, tant ses énormes ressources et  sa position géographique en faisaient un pays envié.
De feu Sékou Touré à Alpha Condé qui s’est dit prendre la Guinée ou son idole l’a laissée, le retard est considérable. D’un régime à l’autre, ce fut la débâcle,  le retour aux sources obscures, la chute ou pour être plus précis la descente aux enfers pour la Guinée.
D’ailleurs, du temps de Sékou Touré, qui se réclamait de Samory, empereur, avait-on dit, du Ouassoulou,  le pays était  doté d’un minimum d’unités industrielles qui furent liquidées ou fermées. De Lansana Conté à ce jour, que de tâtonnements, d’hésitations et d’improvisations ! L’entre -deux régime, couvert par une période dite transitoire qui continue toujours, parce que rien de stable ni de précis n’est élaboré jusque là, fut géré, successivement, par le vaillant Capitaine Moussa Dadis Camara et l’approximatif général  Sékouba Konaté. Et ce fut, à travers une présidentielle diversement  appréciée, au tour  d’Alpha Condé de se réveiller  dans un fauteuil présidentiel, comme par enchantement. C’est aussi ça la Guinée, le pays de toutes les surprises. Qu’est-ce qui a changé, qu’est-ce qui est en voie de changer ?
Bien sûr que la Guinée n’a  pas changé, mais les guinéens, oui ! La Guinée revit sa pauvreté, son manque d’infrastructures en tous genres. Ses difficultés, sa perte de repères, son isolement politique. Le concert des nations se moque de notre pays, nous y sommes rentrés frileux, occupant les seconds sièges et jouant les seconds rôles du figurant.
Notre diplomatie, c’est du folklore. La Guinée n’a pas changé d’image, sinon elle ne saurait vendre que celle du pouvoir  qui la gouverne.
Par contre, des Guinéens ont changé de mental, la haine de l’autre, le rejet, l’exclusion, la division, le harcèlement, l’insécurité sont désormais de son quotidien, par le fait de la mauvaise gouvernance politique. Le guinéen est devenu plus pauvre, plus marginalisé dans son milieu.
C’est au regard de ces réalités et de bien d’autres, que le changement devient un impératif.
Les guinéens ont besoin d’une nouvelle forme de gouvernance, d’un nouveau régime politique,  plus engagé à  respecter  les principes fondamentaux  qui ont toujours régi notre vie commune.
Le peuple est interpellé, il faut une prise de conscience de la déroute amorcée depuis des décennies, de la mauvaise orientation et du mauvais choix des hommes. Il faut lutter contre la corruption, la médiocrité, pour ouvrir la voie à l’élite mise à l’écart par des régimes politiques incompétents.
Ce changement ne se fera que par l’ensemble des guinéens. Un sursaut national est  envisageable aux prochaines élections pour barrer la voie aux mêmes amuseurs de cirque qui nous ont trahis.   
Guinéennes et Guinéens, réveillez-vous !

Thierno Mamadou BAH