L’épilogue judiciaire opposant les deux sociétés françaises GETMA et Bolloré Africa logistics, leaders dans la manutention portuaire, est loin d’avoir révélé tous ses secrets. En cause les attributions des contrats d’exploitation des ports de Conakry et de Lomé, qui n n’auraient pas été faites dans les règles de l’art.

C’est en tout cas, la révélation qui a été faite par les médias français, qui ont conduit à la perquisition, ce vendredi 8 avril, des locaux du groupe Bolloré en Hauts-de-Seine, dirigé par le richissime homme d’affaire français Vincent Bolloré, actionnaire principal du groupe de communication et multimédia Vivendi.

Si à l’origine, l’enquête judiciaire française  s’intéressait particulièrement à la société Pefaco spécialisée dans l’hôtellerie et les Jeux,  celle ci a finalement conduit au groupe Bolloré par le biais de la société Havas détenue à 60 pour cent par le groupe Bolloré et qui, par l’intermédiaire de cadres de Havas, a d’étroites relations avec la société Pefaco soupçonnée de corruption par la justice française.

Où est le problème alors, concernant la Guinée? Serait-on tenté de s’interroger. Ce qui, a en effet attiré l’attention des enquêteurs français,  c’est le fait que ladite société Havas dirigée par Yannick Bolloré, le fils du PDG, soit un prestataire de services reconnu de certains présidents africains, comme entre autres le président togolais, Faure Gnassingbé ou encore Alpha Condé de Guinée.

Cette société Havas s’est en effet en 2010 impliquée activement dans la campagne présidentielle guinéenne qui a conduit à l’élection du président Alpha Condé. Mais il y a aussi la connexion établie par l’entremise de Bernard Kouchner, entre le président guinéen et le milliardaire français Bolloré. Et la suite est connue,  quelques mois  après l’élection d’Alpha Condé, il résiliait sans autre forme de procès la convention de concession du Terminal à conteneurs du Port Autonome de Conakry, octroyée en 2008 pour une durée de vingt-cinq ans à Getma, une filiale du groupe français Necotrans, et confiait  la gestion du PAC à son « ami » Vincent Bolloré.

En ce qui concerne le Togo, le groupe Bolloré a en 2010  également acquis les droits d’exploitation portuaire du port de Lomé, ce qui a suscité la controverse sur la légalité de ladite acquisition, avec en toile de fonds des soupçons de corruption. Car la même année, Gnassingbé était aussi réélu à la tête du pays !

Voila grosso modo,  les schémas qui  amènent les enquêteurs français aujourd’hui à s’interroger sur la légalité de l’acquisition, par Bolloré Africa logistic, de l’exploitation des ports de Conakry en Guinée et de Lomé au Togo. Ils s’interrogent également sur la possibilité que « les coups de main de Bolloré » lors de ces deux présidentielles, qui ont conduit notamment l’un à accéder au pouvoir et l’autre à être réélu, n’aient joué un rôle dans  l’octroi de l’exploitation de ces deux ports.

Encore une fois, la justice française s’interroge et l’enquête qui suit son cours va certainement permettre d’élucider toutes ces questions. Pendant ce temps, dans les coulisses des palais, tout semble calme. « Circulez, il n’y a à voir ! ».

Parce que dans les deux pays, cette affaire a un air de roussis, du déjà entendu en somme, pas de quoi ébranler les certitudes amicales, ni réveiller la contestation politique d’une opposition en grande difficulté.

Source: GuineeConakry