Il ne servirait à rien de fermer l’œil sur l’évidence de la question
qui taraude les esprits les plus concernés par l’après-Condé. Se
convaincre déjà du départ du président Condé en 2020, reviendrait à
prétendre vendre la peau de l’ours, avant de l’avoir abattu. Alpha
Condé sera toujours au rendez-vous, tant que cette opposition
politique restera divisée et vidée de ses énergies.
Les manifestations de rue n’y changeront rien, ni les diverses
interprétations données de la Constitution, dans ses dispositions
relatives au nombre de mandats présidentiels accordés au tenant du
pouvoir. Il faudra compter avec les conséquences des dissidences au
sein de l’opposition politique qui s’affaiblit, de jour en jour, et
se présente sous divers visages. En effet, il ya une opposition
républicaine, un sous-ensemble de l’opposition guinéenne, qui obéit à
des principes régissant son option. Beaucoup plus portée à croire que
les manifestations de rue sont un précieux recours, pour tout à
obtenir, y compris le départ du président Condé.
Il ya des leaders de l’opposition guinéenne, associés au pouvoir et
devenus des alliés sûrs pour la mouvance présidentielle et pour tous
ceux qui, le moment venu, seront prêts à soutenir un troisième mandat
de leur idole.
Il ya aussi des leaders indécis qui naviguent à vue mais qui seraient
disposés à soutenir, le moment venu, la cause qui les arrangeraient.
Il ne faut pas se cacher la face, pour les leaders opposants, s’il
était question de choisir, entre un troisième mandat du président
Condé et l’opportunité de permettre à l’un d’entre eux d’accéder au
pouvoir, le premier choix l’emporterait. C’est dire qu’aucun des
leaders de cette opposition politique n’accepterait se désister au
profit d’un autre. C’est bien ce qui expliquerait et justifierait ce
que l’on pourrait appeler la prétention du président Condé, à vouloir
tenter une révision de la constitution, pour prévenir d’éventuels
‘’accrochages’’ au sein de cette opposition politique confuse dans
ses ambitions. Tous ceux qui se sont retirés de l’opposition
républicaine et qui se refusent d’adhérer à ses options musclées,
seraient favorables à l’affaiblissement de ce groupe, pour éviter que
celui-ci ne favorise l’accession de son chef de file Cellou Dalein au
pouvoir en 2020. En effet, Alpha Condé pourrait être le ‘’mauvais
compromis’’ pour barrer le chemin à celui qui se croirait, déjà, le
partant favori pour la présidentielle de 2020. Bah Oury, que l’on
négligerait, pourrait y jouer un rôle de premier plan, lorsque, le
moment venu, il lui sera facilité de se lancer dans des revendications
intempestives qui nuiraient à son ancien allié politique. L’ex vice-
président de l’UFDG a déjà choisi son camp et son option. Pour lui,
tout devrait être mis au point, pour nuire à son principal rival
qu’il considère comme un usurpateur. Il serait une erreur d’attendre
2019 pour se faire une réalité de ce dont le président Alpha Condé
est capable. Malheureusement, c’est l’opposition politique qui lui
balise encore le chemin pouvant le conduira à se succéder à lui-même,
en 2020. Donc, rien n’est gagné pour cette opposition politique, trop
intelligente pour savoir ce qu’elle veut et tenue d’être le dindon
de la farce. Sa dernière prestation à Sékhoutoureya en dit long sur
son génie, jamais égalé en Afrique. Feu Jean Marie Doré ne dirait pas
le contraire.
Binany Bah