Trop de retard dans les travaux. La Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019 a été retirée vendredi 30 novembre au Cameroun à sept mois de la compétition, prévue dans un nouveau format élargi à 24 équipes. Une période floue s’ouvre, avec un cabinet mis en place pour « déterminer un nouveau pays organisateur d’ici la fin de l’année ».
« Aujourd’hui nous avons pris la décision de retirer la CAN 2019 au Cameroun », a déclaré Ahmad Ahmad, président de la Confédération africaine de football (CAF) lors d’une conférence de presse, après plus de dix heures de réunion à huis clos à Accra, la capitale du Ghana. « Après de nombreux débats et à la suite des inspections menées ces dix-huit derniers mois, la CAF a noté que plusieurs conditions de conformité n’étaient pas remplies (…) et qu’il y avait un manque entre ce qui est nécessaire pour l’organisation d’une CAN et la réalité sur le terrain » au Cameroun, a expliqué la CAF dans un communiqué diffusé dans la soirée.
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C’était une mesure attendue pour un pays hôte pénalisé par des retards dans l’avancée des travaux de préparation, alors que le format du tournoi est passé à 24 équipes. Mais la suite n’est pas très claire, notamment pour le calendrier. « Nous allons recruter un cabinet pour lancer un appel d’offres et déterminer un nouveau pays d’accueil pour la CAN 2019, a ajouté M. Ahmad. On sait qu’il n’y en aura pas beaucoup, mais on va laisser le choix à ce cabinet d’évaluer et de faire des visites et de faire sortir avant la fin de l’année le pays organisateur de la CAN. »
« La CAF va s’assurer qu’un nouveau pays hôte soit trouvé d’ici au 31 décembre », a précisé un peu plus tard l’instance sportive, en ajoutant que « le Cameroun reste un candidat sérieux pour l’organisation d’une prochaine édition de la CAN ». Quand un journaliste a demandé à Ahmad Ahmad si cela voulait dire que la CAN 2021, attribuée à la Côte d’Ivoire, pourrait revenir au Cameroun en cas de progrès, ou si cela voulait dire que le Cameroun pourrait obtenir celle de 2023, le dirigeant malgache est resté évasif. Lançant même « à vous de voir » après une énième relance.
Maroc et Afrique du Sud candidats ?
Dans l’immédiat, pour organiser le tournoi l’été prochain, qui peut se substituer au Cameroun ? Le Maroc, candidat malheureux à l’organisation du Mondial 2026 (attribué au trio Etats-Unis – Mexique – Canada), est régulièrement cité par les médias comme possible postulant. L’Afrique du Sud, seul pays africain à avoir accueilli une Coupe du monde (en 2010) fait également partie des candidats potentiels.
L’Egypte a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne postulerait pas. « L’Egypte ne présentera pas de dossier de candidature et estime qu’il y a un consensus pour que le Maroc accueille la compétition », a déclaré Magdi Abdel Ghani, membre du conseil d’administration de la Fédération, selon son responsable presse. Le 29 septembre, la Confédération africaine avait relevé « un retard important dans la réalisation des infrastructures » au Cameroun.
Le Cameroun connaît aussi actuellement un contexte sécuritaire très tendu avec des attaques persistantes des djihadistes de Boko Haram dans le nord du pays, et un conflit entre l’armée et des séparatistes dans les deux régions anglophones du pays. De quoi raviver de mauvais souvenirs. En 2010, le bus de l’équipe du Togo avait été mitraillé en Angola (trois morts), deux jours avant le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations.
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« Le football dépend de nos gouvernements »
Ce vendredi, Ahmad Ahmad a déclaré : « Le football en Afrique dépend de nos gouvernements. » « Mais notre priorité est de préserver l’intérêt de nos acteurs et surtout nos joueurs. Je ne sais pas s’il existe des statistiques, mais beaucoup ont été blessés lors des CAN pour des raisons de conditions d’organisation », a-t-il ajouté.
L’histoire de la Coupe d’Afrique des nations est riche en feuilletons improbables. L’Afrique du Sud avait ainsi accueilli et remporté l’édition 1996 de la CAN, initialement prévue au Kenya, après que ce dernier avait dû jeter l’éponge en raison de difficultés financières. L’Afrique du Sud avait aussi organisé l’édition 2013 en remplacement de la Libye, qui avait renoncé deux ans avant le coup d’envoi en raison du conflit armé dans le pays.
La CAN 2015 avait, elle, finalement eu lieu en Guinée équatoriale, désignée comme remplaçante providentielle après le retrait de l’organisation au Maroc. Ce remplacement avait tourné à l’incroyable saga : le Maroc avait refusé d’organiser l’édition 2015 aux dates prévues, réclamant en vain son report du fait de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. La CAF avait alors exclu le Maroc de l’édition 2015, trouvé un pays organisateur de substitution en quatrième vitesse (la Guinée équatoriale) et avait ensuite suspendu le royaume chérifien pour les éditions 2017 et 2019. Mais le Tribunal arbitral du sport (TAS) a finalement permis au Maroc de disputer les éliminatoires des éditions 2017 et 2019.
Source: Le monde.fr