En Guinée, sous le magistère du Président Alpha Condé, c’est un secret de polichinelle, puisque vérifiable. Toutes les régies financières de l’Etat, postes importants et nominations proviennent essentiellement d’une ethnie. L’omniprésence de la toute puissante coordination mandingue se passe de tout commentaire. Et la nomination du Juriste Mamady 3 Kaba en est une illustration. Avec le soutien de la communauté du nominé, le président Alpha Condé a ignoré la Loi  sur la quelle il a  juré de respecter pour prendre un Décret en force en nommant Mamady 3 Kaba au poste de commissaire à la Commission électorale nationale indépendante.

Pourtant, l’article est très clair : « la Loi organique n044 du 5 juin 2018 portant organisation, attributions et fonctionnement de la CENI en vertu duquel : « en cas de vacance consécutive au décès, à la démission ou à toute autre cause d’empêchement définitif d’un commissaire constaté par la Cour Constitutionnelle saisie par le Bureau de la CENI, il est procédé à son remplacement dans les mêmes conditions que celles de sa désignation pour le reste du mandat en cours »

Face aux tollés généraux suscités (Barreau de Guinée, opposition, citoyens) contre ce qui est désormais convenu d’appeler « la caporalisation des postes de responsabilité par les maninka), tout porte à croire que beaucoup d’eau a coulé sous le pont du Palais Sékhoutouréah.

Mamady 3 Kaba devrait prêter serment ce jeudi.  Mais le juriste  soutenu par la coordination mandingue ne voudrait pas aussi triompher sans gloire. Il aurait renoncé au Décret présidentiel.

Ce même jeudi, le Barreau de Guinée à travers l’ancien Bâtonnier, Me Mohamed Traoré déposent une plainte auprès de la Cour Suprême pour demander l’annulation pure et simple du Décret présidentiel.

Il faut dire que selon des indiscrétions, le président Alpha Condé ne voudrait pas ouvrir un autre champ de bataille. Le double scrutin controversé du 22 mars dernier, rejeté par l’opposition et la communauté internationale,  la réforme de la Commission électorale nationale indépendante, le troisième mandat, la rupture du dialogue politique avec une opposition qui ne jure que par l’annulation du double scrutin, excusez du peu, la liste est longue, deviennent pesant sur les épaules du Président. Pour le dire en un mot comme en mille, Alpha Condé aurait reculé.

 

Mohamed Soumah