03 mai 2021. Journée internationale de la liberté de presse. Avec force discours et déclarations. Le 03 mai est aussi une maigre place de gain au classement annuel de Reporters sans frontières. Le 03 mai, c’est enfin l’existence de la Loi 002 sur la liberté de presse en Guinée dépénalisant les délits de presse avec ses fortunes diverses. Face à ces deux tableaux, il est temps de se regarder en face et agir pour un meilleur respect de la liberté de presse en Guinée. Il nous faudra dessiner le portrait de la liberté de presse en Guinée avant d’en esquisser les éléments clés pour son respect rigoureux au bénéfice de tout le monde.

Portrait de la liberté de presse en Guinée : un tableau peu reluisant

Le moins que l’on puisse est que le portrait du respect de la liberté de presse en Guinée est terne. Au moment de la célébration de cette journée consacrée à la liberté de presse, le journaliste Amadou Djoulde Diallo est en prison et en attente de son verdict. C’est aussi le jugement en cours d’Habib Marouane Camara. C’est la série d’une longue liste des atteintes à la liberté d’expression en Guinée, droit par excellence de tout processus démocratique.

Ces atteintes à la liberté de presse ont produit les résultats que nous avons. Pour illustration, c’est le recalage de la Guinée au Millenium Challenge Corporation (MCC) dont les libertés démocratiques incluant la liberté de la presse sont des critères obligatoires à remplir. C’est le rang de classement 2021 de la Guinée par Reporters sans frontières (109e rang).

Faudrait-il rester les bras croises ou s’engager résolument pour le respect d’un des piliers de la démocratie qu’est la liberté de presse ?

Pour le respect rigoureux de la liberté de presse en Guinée : des actions salutaires à suivre

Si la Guinée veut s’inscrire sur la liste des pays respectueux de la liberté de presse, elle se doit impérativement et rigoureusement observer les marches à suivre que dessus. D’emblée, il faut souligner que la Guinée a déjà fait le bon choix en dépénalisant les délits de presse à travers l’adoption de la Loi 002 sur la liberté de presse précitée. Il faudrait donc l’appliquer aux délits de presse, exclusivement. Il ne s’agirait point de prendre les exceptions qu’elle aménage pour la règle à observer au détriment du principe qui la sous tend à savoir la dépénalisation. En termes simples et clairs, il faut éviter de mettre un journaliste et ou toute personne poursuivie pour délit commis par voie de presse en prison. C’est l’esprit de la Loi 002. Aux délits de presse, il faut écarter le Code pénal et la Loi 037 sur la cyber sécurité et la protection des données à caractère personnel.

La formation des acteurs de medias est également une avenue à explorer. Le processus d’attribution de la carte de presse aux journalistes répondant aux critères de la profession amorcée par la Haute Autorité de la Communication (HAC) est salutaire ; elle permettra, si elle est bien menée, à assainir une profession envahie par des personnes non habilitées, de l’avis même des organisations professionnelles des medias.

Pour terminer, nous estimons que la poursuite de la réalisation des actions ci-dessus est le prix à payer pour une Guinée de droit, respectueuse de la liberté de presse et qui se verra bien classée, à l’avenir, par les Ongs de défense de la liberté de presse et de la protection de ses principaux artisans que sont les femmes et les hommes de média.

Conakry, le 03 mai 2021

Dr Thierno Souleymane BARRY,

Docteur en droit, Université Laval/Université de Sherbrooke (Canada)

Professeur de droit, Consultant et Avocat à la Cour