Le chef d’une association réputée proche de la junte au Mali a été placé en garde à vue, lundi 4 septembre à Bamako, après avoir appelé au respect de la durée de la transition avant un retour des civils aux commandes, a appris l’AFP auprès d’une source de sécurité. Adama Ben Diarra, dit « Ben le Cerveau », dirige l’association Yerewolo-Debout sur les remparts, qui soutient activement les militaires qui dirigent le pays après avoir renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août 2020.

 Diarra a reçu lundi matin une convocation de la brigade d’investigation judiciaire (BIJ), à laquelle il a répondu dans l’après-midi, à la suite d’une demande du parquet, a affirmé à l’AFP une source de sécurité proche de la BIJ. Il a été auditionné par cette unité de la police pour « atteinte au crédit de l’Etat », a dit cette source sans préciser les faits exacts reprochés à M. Diarra, également membre du Conseil national de transition (CNT), qui tient lieu d’organe législatif au Mali et a été installé par les militaires. Il a ensuite été placé en garde à vue à la BIJ, lundi soir, et devait être présenté mardi matin à un procureur de la commune VI de Bamako, a affirmé à l’AFP une source proche de la BIJ.

Le 27 août, le chef de Yerewolo-Debout sur les remparts avait, sur une radio privée, appelé la junte à respecter la durée de la transition, après que les militaires s’étaient engagés devant la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à rendre le pouvoir aux civils en mars 2024. Il avait également émis des critiques sur la gestion de la junte et déploré les arrestations opérées, selon lui, par les services de sécurité.

Après avoir renversé le président Keïta, la junte malienne a exigé le retrait de la force française « Barkhane », effectif depuis 2022, puis demandé celui de la mission des Nations unies, la Minusma, d’ici à la fin de l’année. La junte a fait de la souveraineté son mantra, rompu l’alliance avec la France et ses partenaires dans la lutte contre le djihadisme, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie. Le Mali est en proie depuis 2012 à une crise sécuritaire profonde partie du nord et qui s’est propagée au centre du pays ainsi qu’au Burkina Faso et au Niger voisins.

Le Monde avec AFP