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Complicité d’avortement et homicide involontaire: Des médecins stagiaires jugés  au tribunal de Mafanco

Quatre médecins stagiaires – Kemoko Kourouma, Mabinty Camara, Alpha Ousmane Kourouma et Moussa Sylla – comparaissent devant le tribunal correctionnel de Mafanco. Ils sont poursuivis pour complicité d’avortement et homicide involontaire suite à un drame survenu en juillet 2024 à la clinique CAMES de Bonfi. Le procès, très attendu, s’est ouvert ce mardi 21 janvier 2025.

Un étudiant en médecine au cœur de l’affaire

Premier à être entendu, Moussa Sylla, étudiant en cinquième année à la faculté de médecine de l’Université Gamal Abdel Nasser, a nié les accusations tout en reconnaissant avoir accueilli la victime, M’Mah Bangoura, dans un état critique. Selon son témoignage, cette dernière saignait abondamment et semblait avoir subi une interruption volontaire de grossesse réalisée ailleurs.

Face au juge, Moussa Sylla a expliqué que la patiente est décédée d’une anémie sévère. « J’ai demandé à la famille d’aller chercher du sang, mais ils ont tardé », a-t-il témoigné. Toutefois, il a admis avoir agi en dépit de ses limites en tant que stagiaire et des capacités insuffisantes de la clinique pour traiter une telle situation.

Une tentative de soins controversée

Interrogé sur les raisons pour lesquelles il n’a pas transféré la patiente dans une structure appropriée, Moussa Sylla a répondu : « On ne réfère pas un malade comme ça, sans le stabiliser. » Il a également expliqué avoir utilisé des instruments tels qu’une pince et un spéculum pour retirer les restes du fœtus et tenter de stabiliser la patiente, tout en demandant du sang et en suivant les instructions d’un supérieur, le Dr Kourouma.

Malgré ses explications, le prévenu a exprimé des regrets face à sa négligence, reconnaissant que l’absence d’un transfert rapide de la patiente dans un établissement mieux équipé a contribué à son décès.

Des co-accusés en fuite et des débats à suivre

Alpha Ousmane Kourouma, également entendu lors de l’audience, a nié toute implication dans l’affaire. Quant à Kemoko Kourouma et Mabinty Camara, ils sont actuellement en fuite.

L’avocat de la défense a demandé la comparution du Dr Sylla, médecin ayant affirmé avoir signé une ordonnance rédigée par le prévenu Moussa Sylla. Le juge a accédé à cette requête et a renvoyé l’affaire au 23 janvier 2025 pour la suite des débats.

Une affaire qui soulève des questions éthiques et juridiques

Ce procès met en lumière les pratiques dans les cliniques privées et le rôle des stagiaires dans des contextes où les ressources médicales sont limitées. Alors que les débats se poursuivront dans les prochains jours, l’opinion publique reste divisée entre ceux qui pointent des manquements graves et d’autres qui dénoncent le manque de supervision des stagiaires dans les structures médicales.

L’issue de ce procès pourrait avoir un impact significatif sur la régulation du secteur de la santé et la prise en charge des urgences médicales en Guinée.
Guineelive.com