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La justice à la croisée des chemins(par Me Mohamed Traoré)

Dans les moments où Ousmane Sonko et des membres de son parti avaient des démêlés judiciaires, ils disaient que la justice était instrumentalisée. Le pouvoir sénégalais d’alors soutenait quant à lui que la justice était indépendante.
Aujourd’hui, l’ancien Président Macky Sall qui risque de se retrouver dans le collimateur de la justice pense que celle-ci est téléguidée tandis que le pouvoir Faye-Sonko dit que la justice est indépendante.
Ces positions contradictoires des hommes politiques, selon qu’ils sont au pouvoir ou non, démontrent que la justice elle-même peine à rassurer et donne l’impression d’être toujours au service des principes du moment. Elle doit avoir le courage de faire sa propre autocritique pour corriger ses tares. Elle doit, si elle veut faire peau neuve, accepter et prendre en compte les critiques. Ell ne doit surtout pas croire que son statut lui confère une sorte de garantie contre les critiques et qu’elle est par nature infaillible.
Lorsqu’un opposant ou un citoyen tout court est persuadé que dans son pays, il est impossible que la justice soit inféodée au pouvoir exécutif et qu’il y a des magistrats qui font du respect de leur serment un combat de tous les jours, il n’a aucune crainte d’y faire face.
Il est curieux qu’un homme politique qui tirait à boulets rouges sur la justice de son pays change soudainement de position à la faveur de son accession au pouvoir. Il est tout aussi qu’un dirigeant qui parait la justice de toutes les vertus en vienne à douter subitement de l’indépendance de celle-ci quand il n’est plus aux affaires. C’est peut-être parce qu’il est mieux placé pour savoir que dans de nombreux dossiers, la justice peut se laisser dicter une conduite qui ne repose pas forcément sur la loi.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître,  c’est quand on est aux affaires qu’il faut renforcer l’indépendance de la justice, seul rempart contre l’arbitraire. Mais très peu de dirigeants comprennent cela. Ils sont souvent plus occupés à réduire au silence qu’à faire de la justice la véritable gardienne des libertés et droits des citoyens.
Me Mohamed Traoré