La décision du président de la transition, Mamadi Doumbouya, d’accorder la grâce présidentielle au capitaine Moussa Dadis Camara, incarcéré dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009, suscite une vague de réactions et d’indignation au sein de l’opposition et de la société civile.
Sékou Koundouno, responsable des stratégies et de la planification du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), actuellement en exil, dénonce une mesure purement politique, destinée à renforcer l’influence du pouvoir en place.
Une décision controversée
Dans une déclaration virulente, Sékou Koundouno appelle à la vigilance, qualifiant cette grâce de « manipulation cynique » et de « manœuvre politique abjecte ». Selon lui, cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à conforter l’autorité du régime en exploitant les divisions ethniques et en jouant sur les sensibilités régionales.
Un double discours gouvernemental ?
L’opposant souligne également une contradiction flagrante entre cette grâce et l’annonce récente du gouvernement concernant l’indemnisation des victimes du massacre du 28 septembre 2009. Pour lui, cette démarche traduit une volonté de satisfaire toutes les parties sans engagement réel en faveur de la justice.
« Une grâce présidentielle ne peut intervenir qu’après une condamnation définitive », rappelle-t-il, mettant en doute la légalité de cette mesure et ses motivations réelles.
Une tentative de mobilisation communautaire ?
Autre point d’interrogation soulevé par Koundouno : la coïncidence entre cette grâce et l’organisation imminente d’une « marche pour la paix et l’unité » à N’Zérékoré, ville d’origine de Dadis Camara. Il y voit une stratégie politique visant à galvaniser une partie de la population en faveur de l’ancien chef de la junte.
Appel à la vigilance
En conclusion, le responsable du FNDC met en garde contre toute instrumentalisation de l’histoire récente du pays à des fins politiques. Il exhorte les Guinéens à rester vigilants face aux stratégies de division qui, selon lui, menacent la cohésion nationale.
Cette grâce présidentielle continue d’alimenter le débat et suscite de nombreuses interrogations sur la sincérité de la transition en cours en Guinée.
Daouda Yansané