Au cours des derniers deux années l’attention de l’opinion publique mondiale a été incontestablement focalisée sur le Proche-Orient et sur l‘Afrique du Nord où s’est déroulé « le printemps arabe » que l’on peut également qualifié de « chaos arabe ». L’opinion dite « démocratique occidentale » avec en tête les USA, a observé avec enchantement, l’insurrection des différents peuples, l’un après l’autre, qui ont renversés « les régimes pourrissant » qui, pourtant, assuraient la stabilité en Egypte, en Tunisie et, actuellement en Syrie tout en luttant avec le terrorisme. 

 

 

Entre-temps, un peu au sud – en Afrique, apparait sur la carte du monde, un « point chaud » – le Mali.

Aussitôt, d’autres diront brusquement, le contingent de l’armée française relation avec l’armée régulière du Mali surgit sur la scène dès le 11 janvier dernier à travers l’opération  « Serval » contre les groupes d’occupation armés. Pour les militaires français engagés dans cette opération, aucune comparaison avec l’aventure en Afghanistan. Il est juste question de quelques mois au Mali.

Cependant plusieurs experts pronostiquent déjà une longue présence de la France dans ce pays frère. Une présence qui sera assurée avec le soutien de l’ONU et naturellement, des USA.

La décision de la France d’intervenir dans la crise du Mali ne saurait surprendre avec pour argument de sécuriser le pouvoir en proie aux velléités des séparatistes. Cela aurait dû attendre au regard des conditions de la crise internationale financière, estiment certains analystes financiers.

Et du coup, les vocables du genre : «le gendarme français » refont surface même si l’Hexagone  déclare sauver l’ancienne colonie en assurant sa stabilité économique. Toutefois, pour certains, il s’agit en réalité, de prendre au Mali de l’uranium, de l’or et peut-être du pétrole.

Aux termes de la décision de l’ONU, les forces internationales africaines ne devraient pas être acheminées au Mali avant l’automne. Cependant Paris n’a pu attendre l’échéance qui lui a paru certainement longue et a engagé le début de l’opération militaire « Serval » dès le 11 janvier 2013.

Certes, les séparatistes avaient marqué des avancées en direction du sud du pays et avaient déjà pris le contrôle stratégique d’une ville aussi importante que Kona située à 700 km vers le nord-est de la capitale Bamako.

Le président François Hollande a déclaré que l’opération militaire ne contredit pas le droit international, et qu’elle est coordonnée avec le président par intérim du Mali. Avec cela, il a indiqué la nécessité de protéger la population du pays ainsi que les 6 mille citoyens français vivant dans ce pays.

D’après lui, Paris a pris la décision d’intervenir dans le conflit pour stopper les séparatistes et ne pas admettre la création d’un Etat terroriste sur cette partie ouest du continent africain. Il a souligné, que les militaires de la France resteront au Mali «tant, qu‘il faut» et tant que la stabilité ne sera pas rétablie. Il est clair que les Français sont venus au Mali pour y rester longtemps et ne comptent pas partir de sitôt à cause d’intérêts économiques.

Et pour M. Hollande, «une petite guerre victorieuse» est très nécessaire, pour relever la côte de popularité en chute de la France et assurer aux sociétés françaises l’accès direct aux ressources naturelles du Mali (l’uranium, l’or, le diamant), qu’elles vont exploiter impitoyablement et sans aucun profit pour la pauvre population malienne.

Ancienne colonie française, le Mali, jusqu’ici, se trouve dans la sphère de l’influence et des intérêts de l’Elysée en Afrique. Comme s’est exprimé Jean-Yves Le Drian, le Ministre de la Défense de l’Hexagone, le but de la France qui a accepté la décision d’intervenir dans le conflit malien est « la conduite de la lutte impitoyable contre les groupes terroristes en empêchant n’importe quelles nouvelles sorties de ces formations pour le sud en menaçant la stabilité d’un pays allié à nous ».

 

Cependant, Paris était obligé de reconnaître au grand jour la puissance de feu de l’adversaire qu’il a trouvé plus fort qu’avant le déclenchement des hostilités. «Nous nous attendions à voir la bande des gens sur les fourgons avec les pistolets, mais en réalité, l’affaire a montré des combattants bien armés et bien formés», a déclaré le représentant du palais Elysée.

D’après lui, après le conflit en Libye en 2011 [conflit créé grâce aux efforts de la France], des armes modernes se sont retrouvées dans les mains des terroristes. De l’avis des militaires, les terroristes sont constituées en troupes mobiles et sont aptes à porter des ripostes effectives. Les experts craignent que les actions militaires contre les islamistes ne traînent en longueur. Faisant ainsi basculer la guerre classique vers une tactique de guérilla du côté des «moudjahidines» comme ce fut contre les Français en Algérie durant la période 1958-1962. Ils connaissent bien le terrain et peuvent survivre dans des conditions extrêmes avec une possession parfaite de l’arme.

C’est pourquoi, il a lieu d’être prudent face aux différents déplacements des « djihadistes » des positions anciennement occupées devant les bombardements de l’aviation des forces aériennes françaises. Certains experts y voient beaucoup plus comme  une tactique que le signe d’une défaite consommée.

Les militaires français ont été rejoints par des soldats de pays de la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les subdivisions militaires viennent du Nigeria, du Sénégal, du Burkina Faso, du Bénin, du Togo, du Ghana, de la Guinée ainsi que du Tchad. Au total près de 7000 personnes.

En décembre dernier, le Conseil de Sécurité de l’ONU accordait le déploiement de la Mission Internationale de Soutien au Mali avec pour objectif, joindre l’effort africain à la restauration de l’intégrité du Mali sous le contrôle d’extrémistes armés.

En réponse à l’intervention militaire les séparatistes ont entrepris des actions de répression à l’encontre des troupes combattantes françaises et africaines. Le représentant du Mouvement pour l’Unité et la Jihad en Afrique Occidentale (MUJAO) a menacé : « la France a agressé l’Islam, nous la frapperons à son cœur». D’après lui, la riposte peut être portée aussi bien au Mali que dans les pays voisins ou en Europe.

 

En raison de ces menaces le Président de la France François Hollande a ordonné d’intensifier les mesures de sécurité sur le territoire du pays et au-delà de ses frontières géographiques. Autrement dit, au niveau ambassades françaises, des représentations de compagnies françaises, des citoyens français hors de France y compris des touristes. Et la récente prise d’otages  français au Cameroun par l’organisation nigériane «Boko Haram» en est une illustration de cette crainte. Heureusement qu’il y a eu un dénouement heureux avec la libération des sept (7) membres de la famille Moulin – Fournier.

 

Les actions de la France au Mali sont soutenues par l’’Union Européenne (UE), les USA. Washington à a accordé aux Français des aéronefs de reconnaissance sans pilote, les avions ravitailleurs pour l’aviation militaire, la fourniture par les services de renseignements USA sur la situation au Mali.

 

Les USA ayant des intérêts économiques en Afrique ont envoyé des Conseillers militaires pour l’opération CEDEAO et examinent la possibilité de formation des subdivisions africaines de combat, les livraisons de la technique nécessaire militaire.

 

L’Algérie qui s’opposait au début à toute intervention étrangère militaire au Mali, a fini par accorder le survol de son espace aérien aux forces aériennes françaises en vue, dit-elle de porter des coups aux dispositifs des bases  islamistes. L’ancien Président de l’Union Africaine, Dr Boni Yayi, a exprimé la gratitude du Continent à la France « pour la compréhension de toute la gravité de la situation au Mali et en Afrique Occidentale ».

En tout état de cause, la présente guerre promet d’être d’assez longue durée et complexe. Comme l’a récemment souligné l’ancien Ministre français des Affaires étrangères, Alain Jupé. Car, la rébellion touareg est n’est pas simplement que nomades, mais l’effectif de gens qui la composent dont le nombre est estimé par certains experts à 6 mille a fait la guerre en Libye du côté où le colonel Kadhafi a trouvé la mort. Et ils en sont partis avec un armement considérable.

Naturellement, la situation au Mali est la conséquence des événements de Libye. Après que les occidentaux, en premier lieu la France, aient touché ce « domino » célèbre, ils en cueillent maintenant les fruits.

 

Cependant, le problème est la situation d’environ 16 mille complexes portables antiaérien «Strela» qui sont disparus des stocks du décédé colonel. Probablement, ils sont quelque part au Mali ou dans la région de Sahel.

 

On craint également une éventuelle reconstitution de l’alliance des trois forces : touaregs, Ansar Dine et Aqmi. Tout porte qu’il y a lieu de s’inquiéter que Mali ne se transforme en un second Afghanistan. Déjà, l’attentat contre l’ambassade de France à Tripoli en Libye est un signe que les « chassés » du Mali ne vont pas rester les bras croisés. Et le Quai d’Orsay a annoncé au lendemain de l’acte,« Au-delà de la seule Libye, nous avons rappelé les mesures de vigilance à nos ambassades implantées dans la région et demandé aux autorités locales de renforcer les moyens mis en œuvre au titre de leur devoir de protection. Il s’agit notamment de tout ce qui concerne la fermeture et le contrôle des accès, de l’interdiction de stationner aux abords des sites diplomatiques et consulaires et enfin du renforcement de la surveillance dans les environs de ces bâtiments ».  

 

«L’opération Militaire au Mali augmente la menace des actes de terreur en Europe», avait d’ailleurs prédit le coordinateur de l’UE de la lutte contre le terrorisme, J. Kershova, dans la conclusion de l’exposé qu’il avait fait aux Ministres des Affaires intérieures des pays membres de l’Euro-union, rencontre restreinte tenue à Bruxelles. Néanmoins les principales positions contenues dans le document confidentiel sont contenues dans le journal allemand « Frankfurter Allgemeine Zeitung », qui a livré quelques passages à l’opinion publique.

 

D’autre part, l’expert belge de la lutte contre le terrorisme, dans son exposé préparé en collaboration avec les experts de l’Euro-commission et le Service des actions extérieures de l’UE, ne met point en  doute les buts [inavoués] de l’opération militaire [française] au Mali.

 

А Bruxelles on estime toutefois que la venue des troupes françaises a permis quelque part de booster la lutte contre le terrorisme et le narcotrafic dans la zone sahel. Comme dit dans l’exposé, l’opération « Serval » a permis d’éliminer le « plus grand » danger, à savoir la mainmise des islamistes sur plus de la moitié du Mali, par la partie Nord du pays et la progression de ceux-ci en profondeur du territoire jusque dans la capitale, Bamako.

 

Avec l’expert connu de manière militaire par les formulations rudes, on peut accepter ou discuter. Mais encore mentionné «Frankfurter Allgemeine Zeitung» la menace Terroriste à l’Europe a intitulé le commentaire – «: la peste ou le choléra ?» Il est valable, que la mainmise par des islamistes  de la moitié du Mali ou la perspective est plus mauvaise – devenir la victime attentat terroriste en Europe ? L’expert selon l’antiterreur du Fonds allemand de la science et la politique le docteur Gido Shtajnberg estime l’opération militaire de la France et la L’UE au Mali de deux manières : «Je pense, l’alternative а celle-ci n’était pas. Mais l’intervention a montré simultanément et l’échec. А en juger par les faits, après l’irruption il n’y avait pas d’aucune conception politique. En effet, proprement, personne ne connait  pas, comment Mali pourra se lever de nouveau pour les pieds».

                       

Quid de la participation de la Russie dans cette crise malienne ? Dans l’ensemble l’assistance russe semble bien appréciée, tant l’aide se veut concrète au pouvoir du Mali. En effet, la Russie a livré 3000 fusils « PMAK » (les légendaires fusils d’assaut, kalachnikovs, très connus dans le monde entier) en vue de l’équipement de l’armée malienne. Cette vente d’une valeur estimée à plus d’un million de dollars s’inscrit dans le cadre d’un accord conclu en septembre 2012 par la compagnie russe « Rosoboronexport » et le ministère malien de la Défense, comme l’a déclarée une source à l’agence Interfax.

 

Le directeur de « Rosoboronexport », Anatoli Issaïkine, avait récemment indiqué que sa compagnie « livrait au Mali des armes à feu en toute légalité » et que « les autorités maliennes ont fait part à « Rosoboronexport » de leur intention d’acheter à l’avenir des hélicoptères et d’autres types de matériel militaire », a ajouté Anatoli Issaïkine.

 

On peut présager que « l’effet du domino » pourrait toucher tous les pays voisins du Mali et il n’est pas exclu que l’intervention étrangère puisse entraîner une escalade monstrueuse du conflit avec son extension aux pays comme l’Algérie, le Libye, le Soudan, le Niger, le Grand Soudan.

 

Pour la France et son président François Hollande, l’opération au Mali peut jouer aussi bien un rôle positif que négatif. Les Français garderont-ils le contrôle sur les ressources naturelles malien ou non ? Cette perspective ne saurait être écartée surtout que l’Assemblée nationale et le Sénat viennent de voter la prolongation de l’intervention des troupes françaises de l’opération « Serval » au Mali.

 

 

Texte inspiré d’articles de presse