La succession à une allure alarmante d’évènements violents en Guinée témoigne de la faillite de l’état et de la justice. En dépit du calme postélectoral, ces évènements montrent que la Guinée reste une nation fragile qui pourrait basculer dans le chaos si la culture de violence et de totale impunité envers les criminels au pouvoir n’est pas éradiquée.

Le 15 Novembre 2015 à Touba, des troubles confessionnels  ont entrainé la mort de trois personnes. Des affrontements entre obédiences musulmanes étaient inédits en Guinée. Ils sont particulièrement inquiétants avec les menées de groupes extrémistes en Afrique de l’Ouest et à travers le monde. Le Dimanche 29 Novembre  2015, une foule profita du laxisme des forces de sécurité de Kouroussa, pour  extraire de la prison quatre détenus accusés de meurtre et  les soumettre à la lapidation à mort.

Les évènements de Kouroussa, avec ceux de Banankoro, mettent en exergue  la  complaisance  coupable du gouvernement de Mr. Alpha Condé sur les crimes  commis en Haute-Guinée.  A Siguiri, depuis les pogroms impunis de 2010 contre des ressortissants du Fouta-Djalon, plusieurs règlements de compte ont défrayé la chronique sans qu’aucun présumé coupable ne soit poursuivi. A Kankan, à la suite de la mort d’un détenu, un gendarme fut lynché par une foule en colère. Contre  toute logique le ministère de la défense décida de sanctionner uniquement les  gendarmes. A Banankoro, durant  la période électorale d’Octobre 2015, les maisons de citoyens peuls furent incendiées et les membres de toute une famille furent brûlés vifs. Il n’a y a eu à ce jour aucune réaction du gouvernement où une enquête contre les présumés coupables connus de tout le monde.

Ce laxisme peut être contrasté avec les expéditions punitives de Zogota et de Womey ainsi que les assassinats ou emprisonnements de manifestants dans les quartiers à dominance peule de Conakry. A Labé, suite à une manifestation de militant de l’opposition, les forces de sécurité maltraitèrent des  malades et des blessés à l’hôpital ; elles envahirent la mosquée et bastonnèrent des croyants qui y faisaient leurs prières. De multiples exemples  peuvent illustrer l’indéniable fait que les forces de sécurité ont pour ordre de sévir selon la  région d’opération. C’est cette complaisance coupable qui explique les récents crimes commis à Kouroussa.

La duplicité de l’état a le risque de transformer une bonne partie de la Haute-Guinée en zones de vendetta. Imbus de l’idéologie ethnocentrique du gouvernement, certains ressortissants de la Haute-Guinée pensent, du fait que le président est des leurs, avoir licence pour tuer impunément. Cet état d’esprit est contraire au minimum d’esprit républicain. C’est un danger à l’intégrité nationale et à la paix civile. Au-delà de son caractère outrageux, il peut offrir un terrain fertile  à des groupes extrémistes – dont les uns opèrent  au Mali proche.  Mr. Alpha Condé doit  personnellement répondre de cette culture qu’il  a entretenue, notamment avec la formation de milices Donzos à des fins électorales.

Suite à certains de ces récents affrontements, le gouvernement de  M. Alpha Condé  a offert  en pâture à l’opinion nationale et internationale des haut-fonctionnaires, déjà en disgrâce, en les démettant de leurs fonctions. Toutefois, aucune enquête n’est faite pour déterminer leurs responsabilités ou tirer les leçons afin d’en faire des exemples pour réduire le  laxisme et la corruption dans les rangs de l’état.  La volonté proclamée par le président de tenir les fonctionnaires et membres du gouvernement responsables de leurs actes est de l’ironie quand  il maintient dans son cabinet des officiers accusés de crimes contre l’humanité. Mr. Alpha Condé pousse le cynisme au point d’ordonner aux officiers comme Claude Pivi de tenir un profil bas, en espérant que le silence ferait oublier la monstruosité et l’imprescriptibilité des crimes dont ils sont accusés.

Au risque de voir la Guinée s’embraser par son aveuglement, Mr. Alpha Condé persiste à faire de la justice et de la division ethnique des instruments de gains politiques. Il est grand temps de mettre fin à  ce jeu dangereux.

Au lieu des chicaneries de préséance et de positionnement autour du pouvoir, les partis politiques présents à l’assemblée nationale se doivent d’initier et de maintenir la pression sur le gouvernement pour des mesures concrètes contre  l’impunité dont ces violences se nourrissent.

Les victimes de la violence d’état montrent une honorable  détermination. Il importe que  tous les élus du peuple – à quelques échelons que ce soit- engagent les citoyens à leur porter assistance. Leur combat n’est pas seulement le leur ou à la mémoire des leurs. Il est pour le salut, la survie et le bien-être de toute  la nation.

La société civile guinéenne doit se mobiliser pour exercer une pression continue sur Mr. Condé  pour faire de la justice une réalité dans notre pays. Enfin, à la jeunesse guinéenne il incombe de s’organiser pour participer à ce combat dont son avenir dépends.

Pottal-Fii-Bhantal reste disponible pour travailler avec toutes les bonnes volontés pour l’éradication de l’impunité, gage de démocratie dans notre pays.

 

La commission centrale de Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon