Au tribunal de première instance de Mafanco, il y avait ce lundi des plaidoiries et réquisitions dans le procès pour « acquisition d’avantages illégitimes de 529 millions » de GNF, représentant le budget de la formation des herboristes et des  tradi-praticiens  de Guinée au nombre de 360 personnes.

Pour rappel, un projet avait été monté par Abdoulaye Sadio Fofana qui était un agent de la Cellule Communication  de la coordination nationale de lutte contre Ebola selon les chefs d’accusation à hauteur de 529 millions de GNF et adressé à l’organisation mondiale de la santé pour financement.

L’institution onusienne ayant trouvé la pertinence du projet avait accepté de le financer pour que les guérisseurs traditionnels et herboristes de Guinée soient formés dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola. Ce, après un accord de principe de la coordination nationale de lutte contre Ebola.

Mais curieusement, le montant qui s’élève à 529 millions de GNF avait été débloqué et ceux qui devraient bénéficier de la formation, notamment les herboristes n’étaient au courant de rien alors que leur nom ainsi que le nom de leur structure était déjà chez le partenaire financier qui est  l’OMS. C’est ainsi que le président de la fédération des herboristes de Guinée. Mamady Daman Traoré a jugé utile de porter plainte contre Abdoulaye Sadio Fofana et Ernest Paquillé Guèma, directeur chargé des tradi-praticiens au Ministère de la santé pour escroqueries et détournement de fonds.

NDLR : Cette structure, les herboristes et ses membres devrait percevoir 264 millions GNF dans ce montant de 529 millions de GNF.

Ainsi pour la manifestation de la vérité, le coordinateur national de lutte contre Ebola, Dr Sakoba Kéita, son adjoint un certain Sékou Condé ont comparu à titre de témoin. Ces derniers affirment qu’ils ne sont pas au courant de ce projet et qu’ils n’avaient pas apogée leur signature sur le document que l’OMS a reçu.

Le responsable de la cellule communication de la coordinateur national de lutte contre Ebola, Fodé Tas Sylla  qui est le premier responsable de Abdoulaye Sadio Fofana  avait aussi comparu.

Les explications de Fodé Tas Sylla selon le  substitut du procureur de la République, près le tribunal de première instance de Mafanco n’ont pas convaincu. Le parquet de Mafanco a annoncé ce lundi à cet effet qu’il se propose de poursuivre Fodé Tas Sylla en justice après ce procès parce que selon toujours le parquet, l’OMS et la cellule communication de la coordination nationale ont échangé des messages électroniques autour de ce projet avant son financement.

Les avocats de la partie civile sont convaincus que c’est le prévenu Abdoulaye Sadio Fofana qui aurait monté tout seul le projet et décaisser l’argent qu’il a bouffé en lieu et place des bénéficiaires.

Le procureur de la République n’a donc pas compris comment Fodé Tas Sylla peut nier les faits alors que Abdoulaye Sadio Fofana travaille sous son autorité direct et que c’est lui qui lui donnait des ordres sur le projet avec des contacts clairement établis avec l’institution financière qui est l’OMS.

Pour la répression, le parquet a demandé au tribunal de condamner Abdoulaye Sadio Fofana à 18 mois de prison ferme et Ernest Paquillé Guèma qui est en fuite à 5 ans de prison par défaut et de décerner un mandat d’arrêt contre lui.

Les avocats de la défense ne sont pas de cet avis. Ils estiment que le coupable dans cette affaire n’est pas Abdoulaye Sadio Fofana et Ernest Paquillé Guèma mais plutôt la coordination nationale de lutte contre Ebola. Raison invoquée, c’est que le coordinateur adjoint, Sékou Condé aurait présidé des réunions pour la mise en œuvre de ce projet et que Fodé Tas Sylla a aussi envoyé des messages à l’OMS pour appuyer le financement du projet.

Ces échanges de mails sont disponibles et  en font foi, selon les avocats de la défense.

Tout en présentant Abdoulaye Sadio Fofana comme un simple formateur dans ce projet puisqu’il est enseignant, les avocats de la défense estiment que les preuves ne sont pas réunies pour qu’il soit condamner à 18 mois de prison ferme. Un des avocats est d’ailleurs allé plus loin pour dire que si le parquet apporte des preuves du décaissement des fonds par le prévenu, qu’il allait demander au tribunal de porter la condamnation à deux ans de prison ferme contre le prévenu.

C’est sur ce débat très animé entre les parties au procès que la présidente du tribunal de première instance de Mafanco a clos les débats. Il faudra alors  attendre le délibéré qui interviendra le 4 juillet prochain.

La coordination nationale de lutte contre Ebola à dépenser combien dans la lutte contre cette maladie ? Combien de projet fantômes de ce genre ont été monté ? A quand l’audit de la coordination nationale de lutte contre Ebola ?

Ce sont là entre autre des questions qui taraudent les esprits après tout ce que les guinéens ont entendu comme fonds et moyens logistiques dans la lutte contre Ebola en deux ans.

Cette affaire démontre  si besoin en n’était l’origine de la crise de confiance profonde entre les autorités guinéennes et les institutions financières internationales dans le cadre du financement des projets de développement et la lutte contre la maladie Ebola.

 

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