Selon le rapport annuel de Reporters sans frontières (RSF), publié ce lundi 14 décembre, 387 journalistes sont emprisonnés à l’heure actuelle à travers le monde. Un bilan qui met aussi en lumière la hausse des arrestations arbitraires en lien avec la crise sanitaire.

Deux journalistes de moins en prison cette année pour avoir exercé leur métier qu’en 2019. Une stabilité qui ne prête guère à se réjouir. Cinq pays concentrent plus de la moitié d’entre eux (61%), indique Reporters sans frontières (RSF) dans son rapport annuelpublié ce lundi 14 décembre. Et la Chine reste en tête de ce triste palmarès avec 117 journalistes (professionnels ou non) détenus, devant l’Égypte (30), l’Arabie saoudite (34), le Vietnam (28) et la Syrie (27).

Les femmes journalistes pas épargnées

L’ONG souligne que ces chiffres sont « historiquement hauts ». Et les femmes, « de plus en plus nombreuses dans la profession, ne sont pas épargnées », dénonce le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, cité dans un communiqué.

D’après le rapport, 42 d’entre elles « sont actuellement privées de liberté », contre 31 en 2019 (+35%). Au total, 17 ont « été jetées derrière les barreaux » au cours de l’année, dont quatre au Biélorussie.

Quatorze journalistes en prison pour leur suivi de la pandémie

Le rapport révèle aussi des violations de la liberté de la presse en nette hausse depuis le début de la crise sanitaire. « Reporters sans frontières a répertorié 300 incidents liés à la couverture journalistique de la crise sanitaire entre le 1er février et le 30 novembre 2020, détaille Pauline Ades-Mevel, rédactrice en chef et porte-parole de RSF sur RFI. Ceux-ci impliquent 450 journalistes, donc une augmentation de 35%. C’est énorme. Bien sûr, tous ne sont pas derrière les barreaux, mais certains le sont. » Parmi ces violations, 35% représentent les interpellations et arrestations arbitraires.

« Les lois d’exception ou les mesures d’urgence adoptées » dans la plupart des pays pour contenir la pandémie « ont contribué » à « confiner l’information », analyse RSF.

Au total, quatorze journalistes sont emprisonnés pour leur suivi de la pandémie. La moitié en Chine. « La Chine a très largement censuré les critiques de sa gestion de la crise sanitaire sur les réseaux sociaux, estime la porte-parole de RSF. Sept journalistes, ceux qui ont contribué à faire sortir l’information dès le début de la crise, ont été arrêtés. Cette crise sanitaire a permis de donner un tour de vis supplémentaire contre les journalistes et tout simplement contre ceux qui ne diffusaient pas une information qui convenait aux autorités. »

Par ailleurs, « au moins 54 journalistes sont actuellement détenus en otages » en Syrie, au Yémen, et en Irak, leur nombre ayant baissé de 5% en un an. L’ONG recense en outre quatre journalistes portés disparus en 2020, alors qu’aucun nouveau cas de disparition n’avait été enregistré en 2019. Ils sont originaires du Moyen-Orient, d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine.

RFI