La crise se poursuit dans l’est du Soudan. Port-Soudan, c’est la porte d’entrée du pays. 85% des importations soudanaises transitent par ses installations portuaires. Et si vous bloquez le poumon de l’économie, c’est l’asphyxie.

À l’exception du pétrole en provenance du Soudan du Sud et de certaines cargaisons de médicaments, tout est actuellement bloqué. Les conteneurs s’entassent et après quatre semaines de blocage, les pénuries d’huile, de sucre, de gazole ou de blé se font déjà ressentir.

Soudan: la crise dans l’Est entraîne une pénurie de pain à Khartoum

Face à l’urgence, le gouvernement tente de trouver des alternatives. Les importateurs, dont les cargos flottaient au milieu de la mer Rouge, sans solution, ont fini par mettre le cap vers les ports des pays voisins. En Égypte, le port de Aïn Sokhna a vu son trafic de marchandises augmenter de plus de 150% depuis le début de la semaine.

En contournant le blocage au moins pour le blé et le sucre, le gouvernement soudanais espère alléger un peu le poids de la crise. Certaines sources estiment que les pertes s’élèvent à plus de 65 millions de dollars par jour pour une économie déjà exsangue. L’inflation avait pourtant reculé depuis deux mois mais la crise actuelle risque d’avoir des conséquences désastreuses.

Blocages instrumentalisés par les militaires ?

Pour le moment, aucun accord n’a été trouvé avec les contestataires de la tribu des Béja, qui réclament désormais le droit à l’autodétermination. Leur chef, Mohammed al-Tirik, s’est montré ce samedi 16 octobre sarcastique. Il a félicité le gouvernement pour avoir contourner le blocus, et a estimé que l’heure était venue d’accorder l’autonomie à l’est du Soudan.

Pour de nombreux militants pro-gouvernement, les blocages à l’Est sont instrumentalisés par les militaires au pouvoir qui laissent la situation se dégrader. Les généraux tenteraient de faire porter le chapeau au gouvernement civil dans un contexte de tensions exacerbées entre les partenaires de la transition soudanaise, mise en place après la chute d’Omar el-Béchir, trois semaines après une tentative de coup d’État déjouée.