Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Comité National du Rassemblement pour le Développement  n’a pas eu la chance avec ses représentants au sommet de l’Etat.

Le Ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé en donnant  les raisons de l’organisation des élections à son département est allé dans tous les sens : « Par rapport à l’organe de gestion des élections, nous avons présenté au peuple de Guinée le cadre organique du Ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Beaucoup ont exprimé leur étonnement. Mais ce qui reste clair dans tous les pays que nous prenons comme modèle, c’est le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation qui est l’organe chargé de gérer les élections. C’est la suite d’une crise de confiance entre les acteurs politiques qu’on est allé vers la CENI.

Avant le 5 septembre, le bâtiment qui abrite l’ancienne CENI était payé à 65 mille euros soit 650 millions GNF par mois. Ce bâtiment appartient à des Guinéens qui ont occupé des hautes fonctions au sein de l’Administration publique. Quelque part, on crée des saignées financières au niveau de l’État pour assouvir des intérêts personnels. Lorsque j’ai demandé au président du CNRD de me permettre de résilier le contrat de location du bâtiment abritant la CENI, deux jours après, j’ai reçu la notification que le bailleur en question était prêt à ramener à 40 mille euros soit 400 millions. Entre le 5 et le 10 septembre, on a reçu à obtenir un rabais de 250 millions GNF.

Lorsque le décret me nommant Ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, a été pris j’ai interpellé le secrétaire général de la CENI. Cette fois-ci, le coût de location est revenu à 250 millions GNF. Lorsque je prends la question liée aux imprimés lors des élections, il y a plus de 11 sociétés qui ont les mêmes contrats pour faire le même travail dans les mêmes localités pour la CENI. La plus petite facture desdits contrats est de 1, 6 millions Usd. Je l’ai reçu,  il y a 6 jours de DHL qu’une compagnie chinoise a posté  pour réclamer son argent. On a 33 démembrements de la CENI dans les 33 préfectures du pays.

Le contrat de location du siège du démembrement de la CENI à Dalaba est de 76 millions GNF par mois alors que tout le monde est unanime que le coût de location à Dalaba est relativement le plus bas dans tout le pays.

En ce qui concerne le personnel, la CENI nous a présentés un effectif de  plus de 900 personnes. Vous remarquerez que ces cadres de la CENI qui se font appeler des techniciens sont tous des fonctionnaires du Ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation payée à la fonction publique et au même moment ils sont tous contractuels au niveau du ministère du Budget.

Pour toutes ces raisons, le CNRD et le gouvernement se sont dit qu’il fallait  ramener les élections dans la maison mère et permettre aux politiciens d’être dans un comité de veille qui sera associé à toutes les étapes du processus électoral comme quand ils avaient leurs commissaires à la CENI.

 

Pour sa part, Cellou Dalein Diallo n’est pas de cet avis. Il a notamment déclaré : « la principale mission de la transition est de se hâter pour mettre en place des institutions légitimes fondées à engager les réformes qui s’adressent aux fléaux qui minent la société pour le fonctionnement des institutions. Ceci dit, tout ce qui revient à un Etat normal doit être fait par ceux qui sont là.

En période d’exception, il n’y a pas de légitimité. La légitimité vient du consensus.

Lorsque le colonel Doumbouya et ses collègues ont pris le risque de faire tomber le dictateur, la Guinée entière a salué leur démarche. Puisqu’on était dans une situation où l’ordre constitutionnel était rompu depuis le coup d’Etat constitutionnel du 22 mars et le hold-up électoral du 18 octobre. De ce point de vue, on a légitimé un peu cet acte patriotique de notre armée. On a défendu cette action partout auprès des partenaires en leur disant que ce n’était pas opportun de sanctionner le CNRD.

Aujourd’hui, nous devons instaurer le dialogue parce que c’est lui seul qui doit donner un peu de légitimité aux actions que nous prenons. Nous sommes des guinéens, des frères, nous allons vers la réconciliation. Nous nous sommes réjouis de nous retrouver dans une même coalition. Il y a eu des clivages crées, il faut qu’on se débarrasse de ça et qu’on se souvienne que nous appartenons à un seul pays et que nous devons œuvrer au-delà des sensibilités pour bâtir un Etat régi par les règles et les principes de l’Etat de Droit.

Il  faut qu’on se retrouve dans un cadre bien défini pour dialoguer. Les forces politiques, ce sont elles qui doivent aller aux élections. Comment ira-t-on aux élections ? Le cadre juridique et réglementaire doit être défini. C’est la constitution, le code électoral, l’organe de gestion des élections. Il faut qu’en toute responsabilité, qu’on se concerte.

Puisqu’il n’y a plus de légitimité issue de la volonté populaire, c’est le consensus. Le consensus a déjà donné la légitimité au CNRD puisqu’on a salué leur action et on a accepté qu’il dirige le pays. Mais devons tous faire preuve d’humilité en acceptant d’écouter l’autre. Retrouvons-nous, écoutons-nous ».

 

Mohamed SOUMAH