Au lendemain de l’explosion du dépôt d’hydrocarbures à Kaloum en décembre dernier, EDG (Électricité de Guinée) avait annoncé des délestages dans plusieurs villes de la Guinée et cela à compter du mois de janvier 2024.

Une chose reste claire, la desserte en électricité dans plus particulièrement la capitale Conakry mais aussi ses environs devient de plus est plus une préoccupation majeure au niveau des utilisateurs du courant électrique. La crainte de la plupart, est que la capitale Conakry renoue à nouveau avec ce phénomène connu jadis et qui était relégué au dernier plan. Les coupures de courant sont revenues au galop.
Bien que n’ayant naturellement qu’une consommation moindre par rapport à la période normale d’alors, la facturation d’EDG est devenue de plus en plus chère (passage d’opportunité du simple au double) pour certains citoyens bien que d’autres voisins restent plusieurs mois sans recevoir leur facture mais quand elle arrive le plus souvent elle est très salée.
De la définition du délestage et de son lien avec le cas guinéen
A croire les résultats de nos recherches, le délestage électrique est une technique utilisée par les fournisseurs d’électricité pour gérer la demande de manière à éviter des pannes de courant ou des surcharges du réseau. En d’autres termes, lorsque la demande d’électricité est forte, face à une capacité d’offre rétrécie, le fournisseur peut décider de déconnecter temporairement certains consommateurs du réseau électrique, afin de réduire la charge.
Ainsi, le délestage électrique est non seulement une action volontaire et momentanée sur une partie du réseau électrique mais aussi et surtout, il est utilisé en dernier recours afin d’éviter la surcharge sur le réseau électrique pour ne pas tomber dans des pannes dont la réparation peut prendre plusieurs jours avec tout le risque que cela comporte surtout à Conakry.
Des causes du délestage en Guinée
Selon plusieurs sources, la cause principale du délestage résulte d’un manque de carburant (HFO) en raison de l’incendie du principal dépôt d’hydrocarbures sis à Kaloum.
D’autres sources bien informées estiment que la situation que nous connaissons aujourd’hui résulte du flou entretenu autour des mégaprojets Kaléta et Souapiti gérés jusque-là par les partenaires chinois, le temps pour eux d’amortir les fonds investis.
Quoi qu’il en soit, le constat, c’est que la population peine à avoir de l’électricité indispensable pour les ménages guinéens plus particulièrement ceux de Conakry. Ce n’est pas pour rien si le gouvernement d’Alpha CONDÉ avait usé des voies et moyens pour trouver d’autres sources alternatives d’énergie : cas des centrales thermiques et du bateau énergétique de la société turque Karpowership, qui fournissait de l’électricité à la Guinée.
Pour remédier à cette situation, le gouvernement de transition a réfléchi à un plan à court terme prévoyant des coupures électriques qui interviennent toute la journée (un minimum de 10h par jour).
Du déficit de communication sur le sujet
Malgré la bonne volonté des autorités, la communication ne passe pas en temps réel car, le canal utilisé par EDG n’est pas à la portée de tout le monde au regard de mes observations. Ce n’est pas pour rien si l’on enregistre des manifestations à longueur de temps surtout dans un contexte marqué par un ralentissement de l’activité économique.
De plus, ces communications ne portent que sur des délestages programmés pour un laps de temps et qui passent parfois à 3 heures du rétablissement du courant alors que les gens sont restés longtemps dans le flou.
De plus, rien n’indique qu’en dépit de tout, il y a eu une communication sur les délestages observés le long de toute la journée. Pourquoi ne pas créer une application qui notifie aux utilisateurs via des alertes les différentes coupures d’électricité afin d’éviter ainsi les imprévus ?
Du manque de réactivité de certains agents d’EDG mais aussi des factures salées
En cas de panne constatée sur la ligne électrique d’un quartier, les tentatives consistant à joindre les agents d’EDG de la zone restent vaines. Dans la plupart des cas, ils ne viennent pratiquement jamais sauf au moment du dépôt des factures. Et lorsque vous appelez le standard, l’on vous attribue un ticket mais qui n’est pratiquement jamais clôturé. Et lorsque vous vous rendez en agence pour résoudre vos problèmes, vous trouverez une foule immense portant des messages de réclamation parfois sans issue.
D’autres citoyens sont obligés d’aller sur place pour négocier le rétablissement de leur ligne électrique interrompue à domicile depuis des lustres alors que les factures continuent de venir. Pourquoi devons-nous payer une facture que l’on n’a pas consommée ?
De plus, lorsque vous vérifiez votre situation une fois en agence, vous constaterez parfois un cumul de factures impayés même si par hasard, vous n’aviez jamais reçu la visite des agents d’EDG quoi que l’on vous dise là-bas qu’en tant que citoyen, vous devez vous rendre régulièrement en agence pour vérifier votre situation et payer vos factures.
Des arguments développés par EDG dans le cadre de leur défense
Selon EDG, il y a des pertes d’énergie enregistrées dans les centrales hydroélectriques au cours du transport en raison surtout de la grande distance entre les barrages et les centres de consommation. A cela s’ajoute naturellement la forte demande due à l’augmentation de la population qui se répercute sur la consommation de l’énergie sur la période de pointe.
A ces facteurs, s’ajoutent également la consommation abusive, donc irrationnelle de l’électricité dans les domiciles mais aussi des boutiques et magasins et cela sans omettre les branchements clandestins etc.
Des reçus élaborés sans liens avec les factures payées
A ce jour, je ne sais pas si je suis le seul concerné, mais, les reçus délivrés par les agents de caisse en charge de la liquidation des factures d’électricité ne sont pas conformes aux factures dues. Apparemment, il y aurait un problème de mise à jour voire même de mise à niveau entre la facture payée et le reçu établi.
Au niveau du reçu, l’on voit souvent d’autres montants correspondants à des factures antérieures et déjà payées apparaître au niveau du montant dû. A ce jour, seul les parties solde et provision permettent de savoir que vous n’êtes pas redevable à EDG d’un montant quelconque. Chose qui est étonnante car il m’est très facile de croire qu’EDG dispose d’un logiciel obsolète pour la gestion des factures/délivrance des reçus. Je pense à mon for intérieur que cette société établit les factures nouvelles sur la base non seulement des relevés tirés des compteurs forfaitaires (donc, non reconnus chez EDG quoi qu’installés par leur soin : c’était mon cas avant que je ne les somme de reconnaître le mien. Ce qui fut fait) mais aussi de l’extrapolation sur celles antérieures majorées des augmentations sur sondage afin de voir le tempérament du citoyen. Une fois que la pilule est prise, c’est terminé. Ce n’est pas pour rien si en cas de cumul de facture, vous vous rendrez naturellement compte que la dernière communément appelée fraîche coûte moins chère que celles précédentes incluses dans une même facture globale.
De plus, avoir un compteur ne suffit pas avec EDG sans quoi, vous serez facturé longtemps sur la base du forfait qui ne reflète malheureusement pas votre consommation réelle. Je l’ai subi pendant longtemps, et, lorsque l’on reconnaîtra votre compteur à EDG, votre consommation sera très normale avec des factures raisonnables quoique certains citoyens préfèrent aussi des facturations forfaitaires.
Des quelques conséquences économiques
Nul besoin d’être un spécialiste du sujet pour se rendre compte de l’impact économique du délestage pour tout pays qui envisage de se mettre sur les rails pour répondre présent au rendez­-vous du développement tant souhaité. L’ ensemble des agents économiques du pays dépend chaque jour de l’électricité plus particulièrement les entreprises afin de mener à bien leur activité. Mais, le délestage entraîne des temps d’arrêt imprévus qui peuvent coûter énormément d’argent aux entreprises dans le sens large. Car en plus des factures d’électricité qu’il faudra supporter par la suite, il faudra s’attendre à des charges liées à l’achat des groupes électrogènes, leur entretien, l’achat du carburant etc…
De l’autre côté, les coupures fréquentes en plus du délestage peuvent entraîner des dommages enregistrés un peu partout, notamment la destruction des appareils électroménagers, les incendies, les pertes en vies humaines, la prolifération de la pauvreté etc. De plus, le délestage électrique peut occasionner une augmentation substantielle du coût de production ou des pertes de productions ou de consommation (par ex : biens stockés en frigos qui deviennent impropres à la consommation) etc.
C’est pourquoi, les dispositions utiles devront être prises dans un délai très court pour la résolution rapide de ce problème.
Des recommandations : utilisation des bonnes pratiques
Nous sommes conscients qu’EDG traverse une situation difficile quoi qu’ayant été victime de la plupart de ces dirigeants car au temps d’Alpha CONDÉ, d’énormes financements ont été consenti à cette société.
Pour faciliter le retour du courant dans la capitale Conakry, il faudra malheureusement continuer à investir notamment sur le retour du bateau électrique surtout en cette période d’étiage.
De l’autre côté, nous autres citoyens devons être conscients que le courant ne s’obtient pas gratuitement. En Guinée, beaucoup de citoyens abusent dans la consommation du courant sans pour autant payer la facture idoine. Nous devons éteindre les appareils ou les mettre en veille pour économiser le courant, programmer les appareils énergivores à l’image des lave-vaisselles, lave-linges, n’utiliser les clims que lorsque c’est nécessaire, se procurer des ampoules électriques à éteindre en cas de non usage, cuisiner rarement (une fois par semaine) avec les appareils qui amplifie la consommation, économiser de l’eau chaude pour réduire la consommation énergétique etc.
Safayiou DIALLO
citoyen guinéen